Natasha Barrett (1972)

Hidden values (2012)

pour dispositif Ambisonics 3D

œuvre électronique, Ircam

  • Informations générales
    • Date de composition : 2012
    • Durée : 21 mn
    • Commande : Ircam-Centre Pompidou avec l'aide du Fonds norvégien pour les composteurs

Information sur la création

  • Date : 29 novembre 2012
    Lieu :

    Paris, Ircam, Espace de projection.


Information sur l'électronique
Information sur le studio : Ircam
Dispositif électronique : sons fixés sur support, spatialisation (Ambisonics 3D d’ordre 7)

Observations

matériau sonore : Evdokija Danajloska : soprano et Gilles Durot : percussions

Écouter l’enregistrement du concert du 17 janvier 2023 à l’Ircam : https://medias.ircam.fr/xe828f1_hidden-values-natasha-barrett

Titres des parties

  • The Umbrella, 4’22 ;
  • The Lock, 8’48 ;
  • Opitcal Tubes, 6’44.

Note de programme

Chaque année, de nouvelles inventions repoussent les frontières de la science et enrichissent notre connaissance du monde. Pour ma part, j’ai toujours été fascinée par la manière dont des inventions anciennes, apparemment mineures, ont pu modeler notre société et influencer notre quotidien, de multiples façons. Un simple objet peut être intrinsèquement lié à la marche du monde, alors que son utilité paraît anecdotique. Hidden Value est l’occasion de s’arrêter un instant et de se pencher directement, à la fois du point de vue dramatique et par le biais métaphorique, sur trois de ces petites inventions : le parapluie, la serrure (et la clef) et la correction optique. L’œuvre a été composée à l’Ircam au cours d’une résidence de recherche musicale portant sur des techniques pointues de spatialisation sonore dans le domaine de la composition. Parmi la pléthore d’inventions qui occupent aujourd’hui une place non négligeable dans notre quotidien, ces trois-là m’ont paru plus adaptés à une utilisation compositionnelle de l’espace, ainsi qu’à la projection d’informations sonores, plus ou moins proches ou éloignées de l’auditeur et à la transformation de masses sonores, scènes sonores et sources sonores ponctuelles. Je tiens ici à remercier tout particulièrement la vocaliste Evdokija Danajloska et le percussionniste Gilles Durot, pour leurs contributions au matériau sonore qui a servi à la composition de cette pièce.

La résidence de recherche était financée par l’Ircam, la Bourse culturelle pour la collaboration internationale de la Ville d’Oslo, et le Conseil Culturel norvégien. Hidden Value a été composée à l’Ircam grâce à l’aide du Fond Norvégien pour les Compositeurs. L’œuvre a été composée pour un système Ambisonics 3D d’ordre 7 mais existe aussi dans d’autres formats spatialisés.

Première partie : le Parapluie
La fonction d’un parapluie est de nous protéger de l’environnement — il protège de la pluie, de la neige, du soleil, et, dans une certaine mesure, du vent. En tant que métaphore, le parapluie protège et préserve, défend et pare, couvre et déguise, mais peut aussi bien être un bagage tout à fait inutile. Cette première partie, Le Parapluie, explore la relation d’un parapluie véritable avec le réel, ainsi qu’une métaphore que j’ai trouvée dans un court poème de Jorge Luis Borges, Instantes : « J’étais de ceux-là qui ne vont jamais nulle part sans un thermomètre, sans une bouilloire, et sans un parapluie et sans un parachute… Si je pouvais vivre à nouveau, je voyagerais plus léger, Si je pouvais vivre à nouveau, je commencerais à marcher pieds nus au début du printemps, et je continuerais pieds nus jusqu’à la fin de l’automne. »

Deuxième partie : la Serrure
L’invention de la serrure et de la clef remonte à pas moins de 4 000 ans. Quant au sujet de la serrure, de la clef et de leurs métaphores, il n’a cessé depuis d’inspirer la littérature et le théâtre. Une porte fermée à clef est un gage de sécurité dans notre monde moderne. Une serrure préserve les secrets, éloigne des regards indiscrets, empêche les gens d’entrer ou de sortir, elle représente le pouvoir et la propriété. Cette deuxième partie, La Serrure, est le lieu d’un conflit entre une voix de femme et les instruments de percussion.

Troisième partie : Les Tubes Optiques
Les Tubes Optiques auraient été inventés par René Descartes. C’étaient des tubes de verre, qui touchaient le globe oculaire à la manière de lentilles de contact, mais avec le désagrément notable d’empêcher tout clignement ! Plus de 50 % de la population adulte porte aujourd’hui des corrections optiques. On peut donc à sa guise voir le monde net, ou flou. L’idée musicale directrice de cette troisième partie, Les Tubes Optiques, est d’imaginer ce que serait notre expérience du réel, si nous ne pouvions pas accommoder : pour obtenir une image nette d’un objet, nous devrions nous en approcher ou nous en éloigner.
Natasha Barret

Natasha Barrett.