Andrea Agostini (1975)

Legno sabbia vetro cenere (2009 -2010)

pour quatuor à cordes et électronique

œuvre électronique, Ircam

  • Informations générales
    • Date de composition : 2009 - 2010
    • Durée : 17 mn
    • Éditeur : Inédit
Effectif détaillé
  • violon, violon II, alto, violoncelle

Information sur la création

  • Date : 9 juin 2010
    Lieu :

    Paris, le Centquatre, festival Agora


    Interprètes :

    les solistes de L'Itinéraire.

Information sur l'électronique
Information sur le studio : Ircam, Cursus II composition et informatique musicale.
RIM (réalisateur(s) en informatique musicale) : Emmanuel Jourdan (encadrement pédagogique), Andrea Agostini
Dispositif électronique : dispositif électronique non spécifié

Note de programme

Je ne peux parler de Legno sabbia vetro cenere sans citer quelques points-clé de mon travail compositionnel récent :
  • le recours systématique à l'itération et à la répétition sur des échelles temporelles différentes ;
  • l'emploi de structures polyrythmiques à un niveau micro et macro-formel ;
  • la recherche d'une icasticité de la figure musicale ; 
  • un discours harmonique fondé sur l'intégration de techniques intervallaires et fréquentielles qui recontextualise et reconnote des objets de dérivation historique en les intégrant dans un tissu que l'on pourrait définir de méta-consonant.
Ce sont les points-clé d’une recherche poétique visant à l'affranchissement de comportements musicaux issus d’héritages expressifs post-expressionnistes et encore influencés par des principes de la première moitié du XXe siècle auxquels certaines de mes pièces précédentes font encore référence ; une confrontation dialectique avec les autres musiques d'aujourd'hui — musiques populaires, jazz, du monde — qui ne soit pas une imitation ou une citation, mais plutôt une intégration d'éléments fondamentaux (timbriques, figuraux, syntactiques ou formels) dans un discours cohérent sur le plan stylistique et technique, ainsi qu’une possibilité post-moderne de jouer de façon subtile avec les connotations d'objets reconnaissables ; l'individuation de points d'équilibre — et pourquoi pas de déséquilibre — entre intuition et réflexion dans l'acte de composer, entre formalisation et improvisation, imagination et exploration ; la création d'une musique qui soit à la fois séduisante et perturbante, aventureuse et sensuelle, qui sache bouleverser tout en titillant les centres du langage. Legno sabbia vetro cenere est figé dans ce contexte. L'écriture des cordes est austère, dépouillée et agressive, et fondée sur l'itération paroxystique d'un nombre très réduit d'éléments. L'architecture formelle est basée davantage sur des logiques de juxtaposition et d'accumulation/dispersion que sur des logiques de développement. L'électronique est entièrement réalisée par le biais de processus de synthèse additive – une technique qui permet le plus grand contrôle compositionnel sur le son – et se présente exactement comme un cinquième instrument autonome, dans une relation paritaire avec les autres, sans jamais être un commentaire ou un produit du quatuor. Les objets musicaux passent constamment des cordes à l'électronique et vice-versa et, à chaque passage, ils se dégradent de façon non linéaire et pourtant continue : parfois en devenant cendres ou parfois en se vitrifiant.

Du point de vue technologique, Legno sabbia vetro cenere a lancé plusieurs défis : la formalisation nécessaire à la gestion du temps et de l'harmonie selon les critères polyrythmiques et fréquentiels qui m’intéressaient ; l'orchestration assistée par ordinateur pour mettre en place l'échange constant de matériaux entre les cordes et l'électronique ; la réalisation en temps réel de la synthèse sonore ; la synchronisation entre les musiciens et l'ordinateur, réalisée grâce à un système innovant de suivi automatique de partition.

Je tiens à remercier l’équipe de la pédagogie de l'Ircam, particulièrement Emmanuel Jourdan et Yan Maresz qui ont suivi mon projet avec attention, disponibilité et sensibilité, et qui m’ont aidé dans les différentes phases de mon travail. Je remercie également Grégoire Carpentier et Arshia Cont qui m'ont assisté respectivement dans l'usage des logiciels Orchidée et Antescofo, tous deux fondamentaux dans la conception et la réalisation de l'œuvre. Enfin, je remercie Daniele Ghisi qui a mis à ma disposition des instruments informatiques qu’il a développés lui-même et sans lesquels mon travail aurait été beaucoup plus laborieux.

Andrea Agostini.