Brice Pauset (1965)

Symphonie II - La liseuse (2003)

pour voix et orchestre spatialisé

œuvre électronique

  • Informations générales
    • Date de composition : 2003
    • Durée : 41 mn
    • Éditeur : Lemoine, Paris, nº 27937
    • Commande : Festival d'automne à Paris et Ensemble Intercontemporain.
    • Dédicace : à Isabel Mundry
    • Livret (détail, auteur) :

      Sur des textes de Platon : ‘Phèdre’ et Giulio Camillo Delminio : ‘Le Théâtre de la mémoire’

Effectif détaillé
  • solistes : 1 voix non spécifiée, 1 voix non spécifiée, 1 récitante, 1 récitante
  • 2 flûtes, 2 flûtes, 2 hautbois (aussi 1 hautbois d'amour, 1 cor anglais), 2 hautbois (aussi 1 hautbois d'amour, 1 cor anglais), 3 clarinettes (aussi 1 clarinette basse), 3 clarinettes (aussi 1 clarinette basse), 2 bassons (aussi 1 contrebasson), 2 bassons (aussi 1 contrebasson), 2 cors, 2 cors, 2 trompettes, 2 trompettes, 2 trombones, 2 trombones, 1 tuba, 1 tuba, 3 percussionnistes, 3 percussionnistes, 1 harpe, 1 harpe, 2 pianos, 2 pianos, 3 violons, 3 violons, 2 altos, 2 altos, 1 violoncelle, 1 violoncelle, 1 contrebasse, 1 contrebasse

Information sur la création

  • Date : 7 novembre 2003
    Lieu :

    Paris, Festival d’Automne


    Interprètes :

    Marianne Pousseur : voix, Caroline Chaniolleau : récitante, Ensemble intercontemporain, direction : Jonathan Nott.

Information sur l'électronique
Dispositif électronique : spatialisation

Note de programme

C’est l’histoire d’une très ancienne fascination, d’un doute permanent : je n’ai jamais pu croire que la Liseuse en bleu de Vermeer ne soit qu’une simple évocation de la vie hollandaise du XVIIe siècle. J’y vois un message foncièrement métaphysique – et plus particulièrement platonicien : un hommage à l’intériorité, à la mémoire, aux lieux et aux objets de la mémoire, à la lumière qui montre ces lieux, à l’espace, à la connaissance.

J’ai eu recours ici, sur la scène, à deux liseuses. L’une parle, fait comprendre, c’est la voix du sens, du discours explicite ; l’autre diffracte, atomise, déforme, bégaie par endroits, elle donne en spectacle ce que le discours a laissé dans les plis de la connaissance. Une musique qui transperce le texte pour le porter vers ses extrémités, quitte à ne donner corps, pour un moment, qu’à une seule lettre, à l’image des anciennes Leçons de ténèbres, correspond actuellement à une certaine crise : il m’est devenu, depuis Vanités, presque impossible de recourir au chant et à ses mythologies.

Ma musique agit ici, comme souvent et peut-être trop, par métaphores : l’espace décrit par les sept groupes de musiciens répartis sur scène et dans la salle, les deux voix, les formes convoquées, les textes empruntés (Phèdre, celui de Platon, le « théâtre de la mémoire » édifié au XVIe siècle par l’érudit Giulio Camillo) sont autant de moyens d’interprèter cette liseuse platonicienne perdue dans la lumière flamande.

Cette symphonie est une œuvre écrite pour le concert ; elle correspond néanmoins clairement, par la mise en question de la vocalité, par l’espace de concert conçu comme composition d’un lieu dramaturgique, à une étape importante vers la scène – plus exactement vers une « musique sur scène ».

Brice Pauset, avril 2003.