Bruno Mantovani (1974)

Con leggerezza (2004)

pour grand ensemble

  • Informations générales
    • Date de composition : 2004
    • Durée : 18 mn
    • Éditeur : Lemoine, nº 28120
    • Commande : Ensemble intercontemporain
Effectif détaillé
  • 2 flûtes (aussi 1 flûte piccolo, 1 flûte alto), 2 hautbois (aussi 1 cor anglais), 3 clarinettes (aussi 1 clarinette basse), 2 bassons, cor, 2 trompettes, trombone, tuba, 2 percussionnistes, harpe, célesta, piano, violon, 2 altos, 2 violoncelles, contrebasse

Information sur la création

  • Date : 20 mars 2005
    Lieu :

    Belgique, Bruxelles, festival Ars Musica


    Interprètes :

    l'Ensemble intercontemporain, direction : Gergely Vajda.

Note de programme

Con leggerezza résulte d'une commande passée par l'Ensemble intercontemporain en 2004. Après avoir écrit à l'attention de cette formation Le sette chiese, œuvre inspirée par l'architecture de la renaissance, j'avais envie d'utiliser l'EIC dans un autre registre musical, loin de l'atmosphère contemplative de ce premier essai pour grand effectif. Con leggerezza est destinée à une formation éclatée dans l'espace (5 ensembles de 5 musiciens), mais pouvant permettre des effets de continuité par des relais entre instruments communs à plusieurs groupes. Le parcours général des instruments, quand on balaie la scène du regard de gauche à droite, va du registre aigu au registre grave. La forme de Con Leggerezza est éminemment rhapsodique, les idées musicales se donnant naissance mutuellement soit par processus, soit par développement. L'œuvre débute de façon insaisissable, comme si la matière qui était donnée à entendre était incomplète, ou plutôt naissante. Le matériau prend vie progressivement, puis exploite la dimension de l'espace, en passant d'abord d'un groupe à un autre, puis en jouant sur des phénomènes d'échos à des vitesses variables. L'accumulation des événements due à ce phénomène d'écho donne naissance à une périodicité, un ostinato dans le registre médium - grave sur lequel se greffe un discours instable (fausses pulsations rythmiques, notamment). Après la désagrégation de cet ostinato apparaît une nouvelle idée musicale, toujours vive, d'abord dans le registre aigu, puis progressivement, lors d'un parcours rotatoire, vers le grave du spectre. Le temps est alors totalement lisse, dans la mesure où toute notion de pulsation a disparu, et ce n'est qu'un ostinato lent qui viendra briser l'accumulation de matières virtuoses. Après un conduit conféré aux trois clarinettes en relais, une véritable passacaille, cette fois-ci fondée sur une pulsation régulière, fera son apparition, donnant elle-même naissance à une transition dans le registre grave, soutenant de nouveau des échos dans l'aigu. La pièce pourrait s'achever ici, ayant déjà exploité plusieurs types de dialectiques (régulier - irrégulier, espace figé - espace en mouvement, ostinato - discours continu...). Pourtant, alors que rien ne permet de le deviner, la clarinette basse solo, sur des notes répétées dans des dynamiques élevées, permet de redonner vie au discours, qui ne trouvera de résolution que dans un retour de la séquence initiale, elle-même se résolvant dans un grand tutti puis dans une cadence de clarinette basse accompagnée par les instruments aigus qui fera office de coda. Il m'était impossible de prédéterminer la forme de Con leggerezza : le discours s'est bâti presque seul, à mon insu, au fil du travail sur le matériau musical. Sur le plan poétique, cette fantaisie s'inspire de la légèreté des bulles du Champagne, et, parce qu'elle laisse la part belle au bruit, aurait pu recevoir comme sous-titre : « qu'un son impur abreuve nos sillons ».

Bruno Mantovani, Novembre 2004.