Brice Pauset (1965)

M (1996)

pour deux sopranos, contralto et deux ensembles instrumentaux

  • Informations générales
    • Date de composition : 1996
    • Durée : 34 mn
    • Éditeur : Lemoine, Paris, nº 27223
    • Commande : Festival d'Automne à Paris
    • Livret (détail, auteur) :

      Epicure ; articles condamnés à Paris le 7 mars 1277 ; Baron d’Holbach

Effectif détaillé
  • solistes : 2 sopranos solo, 1 contralto solo
  • 1 viole d'amour, 1 clavecin, 1 théorbe, 1 flûte basse, 1 tuba, 1 clarinette contrebasse

Information sur la création

  • Date : 9 décembre 1996
    Lieu :

    Festival d'Automne à Paris, Amphithéâtre de l'Opéra-Bastille, Paris


    Interprètes :

    Donatienne Michel-Dansac, Claudine Le Coz : sopranos, Catherine Dagois : contralto, Brice Pauset : clavecin, Caroline Delume : théorbe, Philippe Wendling : tuba ténor, ensemble Recherche : Barbara Maurer : viole d'amour, Martin Fahlenbock : flûte basse, Uwe Möckel : clarinette contrebasse, direction : Kwame Ryan

Note de programme

Pour M, le choix des textes se porte sur trois auteurs : Epicure, Siger de Brabant et Paul-Henri Thiry, baron d'Holbach, dont chacun des trois fragments s'inscrit dans une poétique de la persécution. Persécution physique : à l'initiative du pape Jean XXI, soucieux d'apaiser les troubles de l'université de Paris, l'archevêque Etienne Tempier condamna, le 7 mars 1277, deux cent dix-neuf articles, parmi lesquels figurent certaines thèses attribuées à Siger de Brabant, maître ès Arts du XIIIe siècle influencé par les traductions arabes d'Aristote et des philosophes païens. Persécution de l'anonymat : publié sous un nom d'emprunt. Le Système de la nature, d'où sont extraits les trois fragments du baron d'Holbach, fut condamné à être brûlé par un arrêt du parlement, le 18 août 1770. Dans son réquisitoire, le chancelier Séguier fustigeait les partisans de la liberté de penser : « D'une main, ils ont tenté d'ébranler le Trône ; de l'autre, ils ont voulu renverser les Autels ». Persécution de la mémoire : Epicure dont l'enseignement se heurta aux mouvements philosophiques alors dominants et à l'incompréhension de ceux qui vinrent après lui.

Trois auteurs en trois langues : le grec, le latin, le français. Et trois thèmes : la matière, l'esprit, la mort, de sorte que Pauset dit avoir écrit un « oratorio matérialiste ». Aux neufs sections de la partition répondent les trois trios qui divisent l'effectif en un trio vocal (deux sopranos, une contralto), un trio d'instruments anciens (viole d'amour, théorbe, clavecin) et un trio à vent, le même que celui de In Girum imus nocte et consumimur igni (flûte basse, tuba ténor et clarinette contrebasse), un trio grave, permanent, sur un canon à trois voix, antiphonie engendrée par l'alternance aria/choral dans les motets de Bach et choral hiératique pour les fragments de d'Holbach. Entre chaque section, un commentaire musical vient réélaborer le matériau de la section qui le précède. La combinaison de tels agencements et la distance qu'ils créent autorisent la prolifération des innombrables lectures possibles.

Laurent Feneyrou, extrait du programme Festival d'Automne à Paris, 1996.