Horatio Radulescu (1942)

« infinite to be cannot be infinite, infinite anti-be could be infinite » (1976)

pour quatuor à cordes et viole de gambe imaginaire à 128 cordes

  • Informations générales
    • Date de composition : 1976
    • Durée : 49 mn
    • Éditeur : pas d'éditeur
    • Opus : 33
    • Commande : Ministère de la Culture

Information sur la création

  • Date : 26 juin 1987
    Lieu :

    Almeida Festival, Londres


    Interprètes :

    Quatuor Arditti

Information sur l'électronique
Information sur le studio : Studio du Süddeutscher Rundfunk de Stuttgart (SR), Ircam

Note de programme

Cette œuvre pour neuf quatuors à cordes ou quatuor à cordes et viole de gambe imaginaire à 128 cordes, est le quatrième quatuor du compositeur. Elle a été commandée par l'Etat français en 1984, produite par le Süddeutscher Rundfunk de Stuttgart et créée par le Quatuor Arditti à l'Almeida Festival à Londres en 1987. Les calculs de la partition ont été effectués sur ordinateur par Vincent Bourgue à Paris. Tous les sons sont acoustiques : il n'y a pas d'altérations électroniques des sources sonores. Les préenregistrements des huit quatuors ont été réalisés par le Quatuor Arditti dans les studios de l'Ircam en février 1996. Les préenregistrements et le concert live sont sous la direction artistique du compositeur. L'œuvre est dédiée au Quatuor Arditti.

Le titre est une réponse contemporaine (si cela est possible) aux propos de Lao-Tzu : « being and non-being create each other » (l'être et le non-être s'engendrent mutuellement) (Tao Te Ching, VI-V siècles avant J.-C.), et de Shakespeare : « to be or not to be » (être ou ne pas être). Tout en étant infinis dans ses aspects, notre être, notre existence terrestre, ne peuvent pas être vraiment infinis, mais notre non-être, notre existence éternelle, cosmique — nous projetant, telle une vibration, vers la vie et la mort —, pourraient durer infiniment. L'idée de la pièce est de considérer neuf quatuors à cordes, l'un placé au centre du public et les huit autres disposés en cercle autour du public (en direct ou préenregistrés).Le quatuor central est accordé sur 431 Hz en quintes justes. Les huit autres sont accordés spectralement : ils utilisent une scordatura correspondant à 128 composants fréquentiels uniques d'un do (1Hz) fondamental. Ces 128 cordes à vide utilisent des fréquences situées entre 36 et 641 Hz, simulant ainsi une viole de gambe circulaire imaginaire à 128 cordes.Le quatuor à cordes live déploie une macro-forme de 89 micro-musiques sur 27 spectres différents, chaque micro-musique étant accordée sur un spectre correspondant à sa propre durée (par exemple, une micro-musique de trois secondes est accordée sur un spectre de fa). Les huit autres quatuors s'inscrivent dans une macro-forme de 137 micro-musiques appartenant à un spectre unique de do, duquel les 128 hauteurs sont choisies. Le quatuor live emploie essentiellement des modulations en anneau, zones spectrales préférentielles fondées sur des composants fréquentiels auto-génératifs. Les hauteurs très strictes sont obtenues par l'utilisation d'harmoniques naturelles dans les registres élevés des instruments avec des doigtés aigus.La dynamique est libre, mais résulte de l'interaction du quatuor central et de la viole de gambe imaginaire.Le quatuor live voyage entre les 27 spectres différents comme il voyagerait entre 27 systèmes solaires, tandis que les huit quatuors formant la viole de gambe imaginaire restent terrestres, inscrits dans un seul spectre immense. La beauté profonde et vraie de l'idée est bien au-delà de la musique, et attire ainsi la musique vers cet au-delà.

Horatiu Radulescu, programme du concert du samedi 17 février 1996, Ircam, Espace de projection