Brice Pauset (1965)

Pluvia (Finis Gloriae Mundi II) (1989)

pour violon, violoncelle et piano

  • Informations générales
    • Date de composition : 1989
    • Durée : 6 mn
    • Éditeur : Lemoine, Paris
    • Dédicace : Au Trio Wozzeck
Effectif détaillé
  • 1 violon, 1 violoncelle, 1 piano

Information sur la création

  • Date : 14 octobre 1989
    Lieu :

    Festival d'Angers, France


    Interprètes :

    Trio Wozzeck

Note de programme

Le concept central de la pièce était, comme l'indique le titre, l'idée d'irrigation dans l'acceptation alchimique du terme : une multiplication de la matière en quantité et en qualité. La forme de l'œuvre, son évolution, se déroule comme suit :

- Un « thème » (une réalité provisoire) joué aux cordes enchaîné à un ensemble de dix cellules confié au piano.
- Une passacaille en dix variations dans laquelle chaque nouvelle variation, transformée par chacune des dix cellules du piano, sert de nouvele référence à la suivante ; chacune double la durée de l'un de ses dix constituants de sorte que la dernière variation est exactement deux fois plus longue que le « thème » liminaire.
- La passacaille est disposée en quatre groupes de respectivement 1, 2, 3 puis 4 variations. Chaque groupe superpose les variations en augmentant graduellement leur délai d'entrée.
- L'œuvre s'achève sur une coda conclusive accumulant toutes les techniques de transformation du matériau utilisées auparavant : transpositions, rotations d'intervalles, renversements, modulations, filtrages, etc.

Je voudrais attirer maintenant l'attention sur un processus dont la logique propre m'a amené à fléchir le schéma pré-déterminé de l'œuvre : dans le « thème » figure une mesure (la mesure 6) d'essence spécifiquement subversive, en relation conflictuelle avec le reste du matériau. Cette mesure va progressivement disparaître, le matériau se recroqueviller, pour ne plus exister dans la dernière variation : c'est envers cette conséquence que, pour mettre en évidence cette disparition, j'ai décidé, au dernier moment, de remplacer l'absence totale de cette mesure disparue, avec toute l'absurdité que soulève cet état, par un silence général reproduisant sa durée de départ (six croches) : « figure porte absence et présence, plaisir et déplaisir. Chiffre à double sens » disait Blaise Pascal.

Brice Pauset