Luigi Nono (1924-1990)

Djamila Boupacha (1962)

pour soprano solo

  • Informations générales
    • Date de composition : 1962
    • Durée : 10 mn
    • Éditeur : Schott
    • Cycle : Canti di Vita e d'Amore
    • Commande : Festival d’Édimbourg
    • Livret (détail, auteur) :

      Jesús López Pacheco, Esta Noche

  • Genre
    • Musique vocale a cappella [Soprano]
Effectif détaillé
  • soprano solo

Information sur la création

  • Date : 22 août 1962
    Lieu :

    Royaume-Uni, Édimbourg


    Interprètes :

    Dorothy Dorow.

Note de programme

Luigi Nono est un compositeur engagé, à la fois musicalement et politiquement. Djamila Boupacha pour soprano seule fait partie de ses œuvres manifestes. Elle en est même emblématique : Djamila Boupacha — dont Picasso a également fait un portrait au fusain — était une combattante algérienne, torturée par des paras français pendant la guerre.

Cette saisissante monodie, véritable cri déchirant pour soprano solo, est le deuxième volet d’un triptyque pour voix et orchestre, Canti di vita e d'amore. Les deux autres volets traitent également d’événements cruciaux du vingtième siècle : Hiroshima pour le premier (pour lequel Nono s’inspire librement de Être ou ne pas être — Journal d’Hiroshima et Nagasaki de Günther Anders, philosophe allemand et premier mari de Hannah Arendt) et l’oppression franquiste pour le troisième (occasion pour le compositeur demettre en musique Tu, da Passerò per Piazza di Spagna de Cesare Pavese). C’est aussi d’un poète anti franquiste qu’il s’empare pour Djamila Boupacha : Jesús López Pacheco a dédié son poème Esta Noche à la jeune femme qui, libérée en mai 1962 suite aux accords d’Évian, refusera ensuite de cautionner le régime sorti vainqueur de la guerre d’indépendance.

Comme le titre du triptyque l’indique, Djamila Boupacha est un chant d’amour et de vie. Nono compose une ligne aussi sobre que fulgurante, qui, dans le contexte de l’œuvre dans son intégralité, émerge lentement de l’orchestre qui se tait, pour y disparaître ensuite, après un passage dans le suraigu où l’intensité expressive est tendue à l’extrême. « Un pur chant d’espoir », dira le compositeur, qui conclut sur une affirmation de liberté.

Quitad me de los ojos
esta niebla de siglos.
Quiero mirar la cosas
como un niño.

        <p><em>Es triste amanecer<br />
        y ver todo la mismo.<br />
        Esta noche de sangre,<br />
        este fango infinito.</em></p>

        <p><em>Ha de venir un dia,<br />
        distinto.<br />
        Ha de venir la luz,<br />
        creed me lo que os digo.</em></p>

        <p><span style="font-size:x-small">Jesús López Pacheco.<br />
        Éditions Rapporti Europei, Rome.</span></p>
        </td>
        <td style="text-align:center">
        <p><em>Cette nuit<br />
        Dissipez cette brume<br />
        devant mes yeux.<br />
        Je veux voir les choses<br />
        comme un enfant.</em></p>

        <p><em>Qu’il est triste qu’à l’aube<br />
        rien n’ait changé.<br />
        Cette nuit de sang,<br />
        cette boue infinie</em></p>

        <p><em>Un jour viendra,<br />
        différent.<br />
        La lumière viendra,<br />
        croyez ce que je vous dis.</em></p>

        <p><span style="font-size:x-small">(traduction de Jérémie Szpirglas)</span></p>
        </td>
    </tr>
</tbody>

 

Jérémie Szpirglas.