Le mot Zabak signifie terre en langue nouba. Le peuple nouba vit dans les montagnes du centre du Soudan.
L'enjeu de la pièce est d’écrire pour les boo-bams, instrument encore peu exploité dans le domaine de la percussion. Il est traité ici comme clavier principal autour duquel on a articulé un instrumentarium réduit avec un choix particulier pour des timbres à hauteurs indéterminées ou variables. Certains instruments (djembe, peaux, congas) ont été assemblés de façon à agrandir le clavier des boo-bams. D'autres ponctuent la pièce de façon caractéristique : ceux à résonance longue (bâtons de pluie, barres de métal, cloche), courte ou sèche (hochet africain, haricot mexicain, maracas).
Le choix des timbres très typés, dont certains peuvent être qualifiés d'ethniques , est extrêmement précis. Il faut l'interpréter, sans référence culturelle réductrice, comme un essai de métissage entre le monde sonore défini par ces couleurs extra-occidentales et sa confrontation avec une pensée abstraite sur une culture.
Ces éléments de référence nous ramènent alors au titre de la pièce, pouvant être interprétée comme une incantation à la terre. Dans ce cas, il est possible de lui associer les éléments particuliers à l'univers nouba: masques, danses, paysages désséchés et désolés, rituels sanglants…, toutes les images qui sont la mythologie d'un peuple.
Philippe Fénelon.