Ils s’acharnaient à se ressembler, pour mieux marquer leurs différences. Ce n’était que dans un esprit de contradiction, qu’ils imaginaient cyniquement pouvoir se rencontrer. Ils ne se parlaient pas. Ils s’observaient. Éventuellement, ils s’envoyaient des messages, des énigmes grimaçantes qu’ils s’adressaient de loin. Des témoins qui les croyaient frère et soeur, leurs servaient parfois de médiateurs. Cela ajoutait du piquant, et de l’incompréhension. Un jour, où il y avait beaucoup de vent, il lui lança un défi, une course sur un terrain glissant face à la mer. Elle n’avait pas envie. Elle n’aimait plus les vagues, qui dans leur violent ressac lui rappelaient de terribles souvenirs. Mais elle acceptait pour autant. Au milieu de la course, elle tomba. Il ne rit pas, ne cria pas sa victoire. Il prit à son compte la défaite, il ne voulait pas la perdre. Il l’aida à se relever, feignit une chute et s’allongea sur le sol humide. Elle le regarda faire, puis à son tour l’aida à se relever. Ils ne se disaient rien. Ils partageaient juste une vague certitude que c’était finalement ce qui devait leur arriver. Après tout, les éléments se chargeraient bien assez tôt de les séparer.