Les Variaciones de León ont été composées en 1993, à la demande de la Fondation Royaumont pour l'Ensemble les Jeunes Solistes (2 sopranos, alto, ténor, 2 basses).
Mes premières idées pour cette pièce datent de 1992 et précèdent la rédaction du poème, ce qui n'est pas dans mes habitudes. Le poète Vicente Molina Foix, qui fut également mon librettiste pour les opéras El Viajero Indiscreto et La Madre invita a comer, a fait une expérience intéressante : il a pris la structure rythmique et la rime de quelques poèmes de Fray Luis de León (d'où le titre), et il en a changé le contenu. Dans le cas présent, celui-ci parle d'une chose connue de tout artiste mais dont on parle peu : la recherche de soi à travers son œuvre qui, seule, peut satisfaire le créateur. Tout en reconnaissant les qualités d'autres collègues, c'est seulement son apport personnel qu'il peut vivre comme nécessaire (Ruben Dario a dit, il y a plus de cent ans : « le devoir de créateur est de créer, et laissons souffler l'eunnuque »).
J'ai mis en musique le texte à trois reprises : Contrastes, Casi nada et Fugaz. Le premier mouvement est composé de plusieurs matériaux très divers qui s'entrecroisent dans une sorte de mosaïque ; le second est l'immobilité presque totale, seulement impulsée par la verticalité intervallique ; le troisième est un soupir impalpable fait de tempi éclatés.