Ce bref monodrame se situe dans la série d'essais de théâtre musical, entrepris depuis 1957 avec Fuenteovejuna et poursuivis sous des formes et avec des fortunes diverses au cours des années suivantes. Musique théâtrale plutôt que théâtre musical, elle ne repose pas sur un argument littéraire, mais sur une trame rigoureusement musicale, le langage n'y apparaissant que par moments, comme une composante, un support phonique amplifiant l'effet musical. Le titre Stream suggère le cours d'eau emportant avec lui la cohorte des différents personnages successivement évoqués dans une atmosphère un peu bouffonne où le trio à cordes est successivement décor ou réplique du personnage évoqué. On trouve tout à la fois : « une exploration des ressources vocales masculines faisant pendant à l'expérience tentée avec Sibylle pour voix de soprano, et une suggestion scénique capable d'inspirer, à la manière de l'opéra chinois, le mimodrame, le théâtre d'ombres ou les masques. Machinaire , Conspiration , Lear et Dulcinée sont les sous-titres qui, à partir du milieu de l'ouvrage, orientent l'imagination vers des images plus précises ; des lambeaux de phrases y apparaissent. Le début de l'ouvrage est, au contraire, une sorte de liturgie du son et de la voix où aucun mot intelligible n'apparaît. (Maurice Ohana)
Christine Prost, catalogue raisonné de l'œuvre de Maurice Ohana, Revue Musicale, Editions Richard-Masse.