Cette commande du festival Beethoven de Bonn a été écrite et dédiée au Quatuor Ysaÿe et constitue mon tout premier quatuor à cordes d'un seul mouvement de 18mn.
La forme est en continuel « fondus enchaînés », sollicitant plusieurs tempos différents et simultanés, de modulations rythmiques et « métronomiques » pour ainsi dire. L'œuvre est constituée de plusieurs couches de temps qui évoluent parfois indépendamment (les quatre solistes ont parfois des tempos indépendants, parfois par deux, par trois) ou se rejoignent dans une même pulsation dans laquelle s'établit une polyrythmie...
Le titre de mon quatuor (Les Heures maléfique) tente de traduire poétiquement ce travail de polytempos, « maléfiques » car les tempos sont parfois malmenés, comme tordus, télescopés, accélérés ou ralentis.
J'ai voulu par ailleurs retrouver à la fois le recueillement quasi religieux et la force optimiste et humaniste du dernier Beethoven, celui des derniers quatuors.
En dépit d'un délabrement moral et physique, Beethoven à la fin de sa vie a livré d'épuisantes batailles pour la gloire de l'art : nous savons combien il a conquis l'ultime joie dans sa souffrance.
De manière très actuelle, Beethoven guide plus encore toute notre jeune génération vers l'accomplissement d'œuvres nouvelles tendant vers la joie, le mouvement et la paix commune.
Régis Campo, éditions Lemoine.