La bande, qui peut également être présentée sans les instruments, tente de constituer un continuum de timbres avec des moyens électroniques tout en conservant des couleurs sonores connues mais utilisées comme s'il s'agissait d'exceptions. Les sons électroniques furent produits au moyen d'un générateur d'impulsions (leur vitesse pouvant varier de manière continuelle entre 16 et 1/16 d'impulsions par seconde, et la durée entre 1/10 000 et 9/10 de seconde), d'un amplificateur sélectif réglable (utilisé comme un filtre dont la bande passante, relativement étroite, peut être variée progressivement et qui détermine parallèlement la durée d'extinction des sons), et enfin d'un filtre à bandes passantes préétablies. Des générateurs d'ondes sinusoïdales et un générateur d'ondes carrées furent encore employés pour certains événements sonores. La plupart des sons, des complexes sonores et des bruits ont été obtenus par l'accélération importante de suites d'impulsions à structure rythmique déterminée. Une chambre d'écho métallique, à réverbération continuellement réglable, fut utilisée pour l'élaboration de certains sons. Grâce à ces outils, sont expérimentés des phénomènes sonores à structure harmonique (au sens spectral du terme) complexe. Les quatre composantes fondamentales (hauteur, timbre, rythme et forme) peuvent être alors considérées comme différents aspects d'un seul et même phénomène, celui de la vibration.La version avec instruments est écrite pour piano et instruments de percussion en métal, à membranes et en bois.
Différentes raisons ont conduit Stockhausen à utiliser des instruments de percussion. D'abord, ceux-ci permettent un maximum d'étendue sonore. Ensuite, les timbres des percussions peuvent être modifiés bien au-delà de ce que permettent les timbres d'autres familles instrumentales. En outre, la percussion est le seul groupe d'instruments traditionnels qui soit en mesure de produire aussi bien des sons que des bruits sur une large échelle, éléments très importants dans l'élaboration de la pièce. L'échelle des timbres électroniques, de son côté, contient certaines valeurs rappelant de très près le son d'instruments de percussion, en métal, à membranes ou en bois : elle établit entre eux une médiation, en rendant possible le passage progressif de chacune de ces catégories à une autre ; elle permet également la mutation en des sonorités entièrement neuves, inconnues à ce jour. Une série de « contacts » est établie entre musique électronique et musique instrumentale. Le phénomène vibratoire considéré comme générateur des différents paramètres musicaux est également exploité dans ce sens. « Un des gestes les plus spectaculaires [...] est certainement dans les trois minutes de l'œuvre pendant lesquelles un son électronique perd progressivement sa hauteur pour devenir un rythme, puis une suite d'impulsions devenant timbre avant que la hauteur ne reprenne le relais au piano. » (François Decarsin)
Kontakte, tout comme Carré ou Momente, appartient au groupe d'œuvres que le compositeur intitule « œuvres à forme momentanée ou infinie » (Momentform) concernant une musique dans laquelle seul compte l'actuel, l'instant présent, et dans le déroulement de laquelle on ne peut constater en aucune manière une direction.
d'après Karlheinz Stockhausen ; François Decarsin.