informations générales

date de composition
2005-2006
durée
12 min
éditeur
Inédit
Commande
Ircam-Centre Pompidou et chœur de chambre Accentus

genre

Musique vocale a cappella (Chœur mixte à 5 voix et plus)

informations sur la création

date
10 juin 2006

Centre Pompidou, Paris, Festival Agora

interprètes

le chœur de chambre Accentus, direction : Laurence Equilbey.

Information sur l'électronique

Information sur le studio
Ircam
RIM (réalisateur(s) en informatique musicale)
Benoît Meudic
Dispositif électronique
temps réel, sons fixés sur support

Note de programme

Klama, pièce pour chœur mixte, électronique temps réel et sons pré-enregistrés, trouve sa source dans les rites des morts caractéristiques de la région du Magne au sud du Péloponnèse. Le terme « klama » désigne autant les pleurs que la lamentation rituelle ; il caractérise une « polyphonie » intégrant monodies improvisées (mirolóya), épodes, pleurs, cris et monologues, accompagnés de gestes rituels.

Plutôt qu'un chant, la lamentation, par sa violence acoustique, peut être considérée comme une altération de la vocalité : une altération, qui, due au choc émotionnel, affecte à l’identique la tonalité, le timbre et la langue. Pratiquée par des femmes, habituellement à la maison devant le corps du défunt, cette « polyphonie » est une sorte d'accompagnement et d'appropriation du mort, réorganisant les structures sociales. À ce rituel succède la monodie byzantine d'une messe orthodoxe célébrée à l’église. Les deux formes se réunissent ensuite de façon simultanément complémentaire et opposée, en une sorte de dissémination et éparpillement acoustique chaotique.

Dans la structure de Klama, j'ai voulu garder et explorer cette opposition dramatique qui sépare et fait cohabiter deux cultures étrangères, orale et écrite, païenne et savante. L'œuvre prend la forme d'un triptyque : klama - melos - diaspora (lamentation, monodie, dissémination). Le matériau de Klama provient de l'enregistrement de la voix de Katerina Xirou ainsi que d'autres enregistrements trouvés et réalisés in situ. L'écriture se développe parallèlement sur trois niveaux qui interagissent et se superposent telles les Übermalungen des Totenmasken d'Arnulf Rainer (peintures sur photographies des masques des morts) ; l’écriture vocale utilise des traits mélodiques et certaines techniques de la voix endeuillée ; l'écriture électroacoustique agence des matériaux bruts ou transformés, intégrant le bruit et la dégradation du support analogique (disque vinyle et cassette audio) ; axé principalement sur le timbre, le traitement électronique se concentre, lui, sur la distorsion, le filtrage par « masque », l’accentuation du souffle, la granulation et la modulation d’amplitude. Il agit sur les voix du chœur en temps réel et fait figure de métaphore des perturbations vocales inhérentes à la lamentation.



Georgia Spiropoulos.

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