Depuis sa première œuvre, Tarantella (sur un poème d'Ovide), jusqu'à In Sleep, In Thunder, la poésie a une place particulièrement importante dans l'œuvre d'Elliott Carter. Herrick (To Music), Rabelais (The Defense of Corynth), Hart Crane (Voyage), Robert Frost (Three poems), Whitman (Warble for Lilac Time), Mark Van Doren (The Harmony of Morning), Allen Tate (Emblems), Elisabeth Bishop (A Mirror on Which to Dwell), sont les auteurs qui inspirèrent Carter entre 1938 et 1976. En 1977 il collabore avec le poète John Asherby pour Syringa, et en 1982, le London Sinfonietta commande et joue In Sleep, In Thunder, cycle de six mélodies pour ténor et quatorze instruments sur des poèmes de Robert Lowell.
« La poésie de Robert Lowell exprime quelques-unes des attitudes humaines les plus importantes vis-à-vis de notre temps, dans des vers d'une extrême beauté. Bien avant que le poète m'ait suggéré d'écrire une musique pour sa traduction de Phèdre, il y a très longtemps, j'avais eu l'intention de mettre certains de ses vers en musique. Voici quelques années, quand le London Sinfonietta m'a fait une commande, je me suis décidé à écrire un cycle de mélodies sur les vers de Lowell. Extrait du poème Dies Irae, In Sleep, in Thunder, pour ténor et quatorze instruments, est composé de six mélodies : les trois premières traitent des relations du poète ; les trois autres, de ses crises de croyance religieuse. Ce qui m'a intéressé dans ces textes, ce sont les changements rapides et contrôlés de la passion à la tendresse, à l'humour et au sens de l'égarement. La musique reflète ces qualités très humaines qui changent constamment. Comme dans d'autres œuvres récentes, j'ai essayé d'écrire une musique se modifiant à tout moment tout en restant cohérente, ce qui est pour moi la nature la plus évocative. »
d'après Elliott Carter.