Texte d'après La Haine de la musique de Pascal Quignard (1996).
alto, acteur
France, Avignon, Festival d'Avignon
Pierre Baux : comédien, Garth Knox : alto, conception, dramaturgie et mise en scène : Benjamin Dupé, scénographie : Olivier Thomas, lumière : Christophe Forey, son en tournée : Julien Frenois.
En regardant mes dernières pièces, je me rends compte que je suis enclin à confronter la musique et le « mot sur la musique », à les transformer l’un en l’autre, à les faire se répondre. Ce n’est sans doute pas un hasard si La Haine de la musique m’a toujours accompagné, de près ou de loin. Je me suis souvent posé la question de partager ce livre en l’adaptant pour la scène ou le concert.
Sous la forme de petits traités, regroupant chacun aphorismes et courts textes, l’ouvrage de Pascal Quignard déroule une réflexion qui interroge les rapports entre la musique et la nuit, la musique et la mort, la musique et les origines de l’homme. Dans une langue à la fois poétique et philosophique, l’auteur invente ou ressuscite des concepts tels que l’écoute comme une alerte animale, le concert comme un rituel chamanique, le son comme une donnée existentielle irréductible, porteuse, en cela, de la souffrance humaine.
Au-delà de la dénonciation de l’omniprésence lénifiante de la musique, conséquence de sa reproduction électrique à l’infini, c’est bien la troublante expérience de l’inouï, sa valeur d’étrangeté première que sublime Pascal Quignard. C’est tout un fondement qui est apporté à une certaine expérience de l’écoute : celle que je désire précisément, en tant que compositeur de musique contemporaine, susciter chez l’auditeur.
L’expression de l’intelligence peut être jubilatoire, émouvante, voire drôle. Il s’agit donc bien d’un jeu, même si les joueurs ne sont pas à égalité. Comme toujours dans mon travail, c’est une dramaturgie musicale – une dramaturgie de l’écoute – qui détermine, convoque et organise l’ensemble des matériaux. Ainsi, les mots de Quignard sont d’abord un prétexte de travail, ils servent ensuite concrètement au contrepoint, ils sont au final, symboliquement, un résonateur de musique.
Ce qui est donné à entendre, c’est un concert. Ce qui est donné à voir, c’est comment la situation de concert provoque la pensée. Ceci posé, il y a bien sûr des points d’accord entre les deux mondes qui rendent cette visite du texte par la musique opportune et féconde.
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