« … Ce n’est pas vous qui avez créé ces images, ce n’est pas vous qui avez révélé ces vives idées à nos yeux… Elles-mêmes se sont révélées à notre conscience, vous vous êtes limités à déplacer ce qui nous en voilait la lumière. » (Pavel Florenskij 1922)
Avec Iconica IV, une petite série involontaire s’épuise. Elle regroupe six miniatures pour ensemble et électronique où se poursuit ma recherche critique sur les replis du langage musical. Des écosystèmes sonores sculptés, où se regroupent les réflexions sur la nécessité de connoter des traits linguistiques désormais devenus communs à la musique d’aujourd’hui, assument le rôle d’ordonnateur dans l’acte même de composition. J’ai cherché à reproduire, comme le dit Peirce, « un état qui est dans son intégralité à tous les moments du temps, aussi longtemps qu’il dure ». En d’autres termes, j’ai cherché à amener l’auditeur à se créer lui-même un parcours perceptif en ayant recours à la logique de l’abduction plutôt qu’à celle de la déduction ; à ne pas « reconstruire » mais bien à « découvrir ». Une icône est une macro-figure dans laquelle le temps est à conquérir ; au niveau de la perception, elle demeure une phase primaire de communication, ouvrant les questionnements inattendus des mémoires. Une icône est une réminiscence de la nécessité de l’anonymat ; ce travail est un anti-manifeste. Le sujet principal de la pièce est le piano, qui se dévoile seulement à la fin, privé des feuilles d’or et d’argent qui le couvraient, et demeure nu et hybride, entre ce qu’il est et ce qu’il a vécu et qui enfin l’a changé.
Marco Momi.