Brian Ferneyhough est sans doute l'une des personnalités les plus fascinantes et les plus difficile à cerner de la musique actuelle, par la complexité de sa pensée et l'extrême difficulté de ses œuvres. Sa démarche compositionnelle s'inscrit après l'expérience de la musique sérielle, telle qu'ont pu la vivre Boulez ou Stockhausen dans les années cinquante. Adaptant à son propre tempérament les impératifs de la pensée sérielle, Ferneyhough exacerbe, avec des pièces telles que Four Miniatures ou Cassandra's dream song, les difficultés d'exécution. La complexité ici devient un élément psychologique qui joue de manière particulièrement active auprès de l'interprète et demeure un élément de tension inhérent à la conception de l'œuvre. Son écriture toujours volontairement complexe, par une accumulation d'indications de jeu, semble vouloir faire reculer les limites du possible. Et cette tendance à l'extrême virtuosité est bien l'une des marques de sa musique en général.
Comme son titre l'indique, cette œuvre se compose de quatre petites pièces où l'on voit poindre un souci de précision dans une notation encore assez libre (il n'avait que vingt deux ans).
Miniature 1 s'articule autour d'une séquence de flûte, en trois sections interrompues par un piano évoluant sur des figures contrastées dans une écriture extrêmement distendue.
Dans Miniature 2 les rapports de ces deux instruments se concrétisent : le piano évolue dans un commentaire ponctuel du discours plus continu de la flûte.
Avec Miniature 3 l'opposition entre les deux instruments est encore plus claire, dans le jeu alterné de la flûte et du piano que viennent renforcer les silences qui interrompent le discours.
Miniature 4 commence comme un véritable duo polyphonique, fait assez rare dans cette œuvre. Mais les deux instruments vont à nouveau se séparer, laissant à la flûte le dernier mot, tandis que le piano conclut sur des accords répétés, créant un climat de stabilité après un discours très mouvementé.
Cécile Gilly.