Après une courte introduction, trois grandes parties se succèdent, séparées par deux tutti orchestraux. Chaque partie se déroule selon un plan irrégulier, renouvelant sans arrêt le discours, afin qu'aucun commentaire ne succède à l'énoncé d'un élément, incitant l'auditeur à prendre de la distance, à briser la limitation du champ de vision, à ne pas se fixer sur un objet et son éventuelle stabilité. Cette proposition prend également appui sur l'idée de la pyramide, élan oblique passant d'un promontoire (l'aigu) à l'écrasement vers le grave, ou l'inverse. Les grandes interventions du piano énoncent des motifs qui s'acheminent toujours vers un point de fuite, faisant bifurquer ainsi la musique dans une sorte de spirale dont la puissance est transmise par des traits fulgurants et vertigineux. La cadence finale, par exemple, nous entraîne vers une apothéose contenue, probable brisure d'un excès à venir.
La lecture des œuvres de Prokoviev et de Scriabine a accompagné l'écriture de ce concerto. Leur présence, plus qu'une évocation musicale, signifie le voyage, l'ailleurs, le lointain, mais sans description ni pittoresque, comme une sorte de damier qui juxtapose des couleurs en intégrant des nuances dans les détails par la simplification extrême de certaines lignes. Dans la seconde partie – mouvement lent – une improvisation, inspirée directement d'une variation du Concerto pour piano de Scriabine, marque la réutilisation des signes et des formes lues. Le passage sous-titré Ricercare définit le mieux cette idée d'éclatement et de liberté.