Close Islands est une pièce conçue pour 5 groupe d'orchestre ayant chacun une caractéristique de registre (ou de timbre) et de mode de jeu. Elle se présente comme l'ouverture d'un cycle, d'une pentalogie lyrico-scénique, qui s'oriente par étapes successives vers une visualisation possible, une théâtralisation, une mise en scène des textes qui y sont employés.
Cette première partie, cette ouverture, propose un ensemble de matériaux qui serviront pour tout le cycle, mais sous un éclairage différent ; la division par groupe a pour but de personnaliser ce matériau d'une manière constante au cours du cycle. La thématique générale de Close Islands est une thématique de l'éclatement évènementiel dont les ressources sont exploitées partiellement.
La spatialisation rend cette thématique plus évidente dans la mesure ou l'individualité de chaque groupe sera perçue comme une « île » avant de (ou après avoir) participer à une action globale.
J'avais auparavant déjà développé ce type d'idée : isolement des sources sonores, construction d'une globalité (Multisources), mutation d'un matériau brut, défini en quelque sorte hors temps, au cours d'un développement permanent (Transmutations).
En ce qui concerne les relations des « îles » entre elles, je renvoie à un axiome de De la nature et de l'origine de l'esprit de Spinoza qui décrit en termes généraux les affectations d'un corps par un autre corps : « Toutes les façons dont un corps est affecté par un autre corps suivent à la fois de la nature du corps affecté et de la nature du corps qui affecte, de sorte qu'un seul et même corps est mû de différentes façons selon la différence de nature des corps qui le meuvent, et au contraire des corps différents sont mûs de différentes façons par un seul et même corps ».
On perçoit dans le ton de cet axiome la multiplicité possible engendrée par une situation qui entretient des normes de réciprocité entre ses termes. Les situations musicales ou théâtrales ne sont parfois pas autrement conçues.