Cette œuvre a été composée pour l’émission Alla Breve de France Musique. Son principe consiste à diffuser chaque jour une musique d’une durée de deux minutes. Le sixième jour les cinq mouvements sont diffusés les uns à la suite des autres. La contrainte donnée par le format de l’émission pousse le compositeur à créer des mouvements qui fonctionnent de façon autonome mais qui doivent être reliés par un matériau commun avec la nécessité que leur enchainement fasse sens.
Dans Cinq maillages pour orchestre le dénominateur commun est l’idée d’enchevêtrement qui intervient à différentes échelles : enchevêtrement de lignes (une même ligne peut par exemple passer de la flûte au piano puis aux cordes), de groupes (un accord est donné successivement par les bois, les cuivres, les claviers et les cordes), ou de sections…
À travers cette idée formelle dont les possibles sont infinis, l’instinct vient s’immiscer en tentant d’exprimer dans chaque mouvement de la pièce des atmosphères distinctes :
- Mouvement 1 / Fécondation : idée de point, de couleur, de pulsation, d’occupation progressive de l’espace et d’un décrochage soudain.
- Mouvement 2 / Wait and see : un même accord passe successivement d’un groupe instrumental à l’autre, la première partie est marquée par la recherche d’un temps calme et suspendu. En réponse à cette attente l’orchestre va donner toute la fougue dont il est capable.
- Mouvement 3 / Children’s games : le piano, la flûte solo et les premiers violons se répondent sur un petit motif de neunolets fait de trois notes répétées (3+3+3). Les cordes ponctuent le discours avec des pizz. Les percussions décorent l’espace avec des grelots. Les cuivres interviennent ça et là de façon souple et nonchalante. L’atmosphère est rieuse et enfantine.
- Mouvement 4 / Bach’s speech from space : composé à partir du choral 59 Herliebster Jezu, hast du verbrochen de Jean Sébastien Bach qui est dans un premier temps étiré temporellement. Il est par la suite compressé un peu comme les sculptures de César et réparti sur six registres de l’extrême grave au sur-aigu. C’est registres sont éclairés comme un tableau dont on révèlerait progressivement avec une lampe torche les différentes parties. L’atmosphère est grave, lointaine, cosmique…
- Mouvement 5 / Ostinato : comme son nom l’indique un rythme est répété tout le long du mouvement dans une métrique en sept temps irréguliers. Mais le jeu était de faire en sorte que cette répétition soit peu perceptible. Les groupes se répondent avec force. L’appel du vibraphone nous donne une porte de sortie. La pièce s’achève sur la mystérieuse hétérophonie donnée précédemment au début du deuxième mouvement.
Sébastien Gaxie.