Ciels a été écrit en 1995 et revu en 2003. Le titre évoque les plafonds peints des églises baroques qui, par leur trompe-l’œil repoussent l’espace de l’église vers celui infini du ciel.
Dans cette pièce, ma préoccupation principale se situe sur le plan harmonique. Le matériau de la pièce a été construit sur le principe d’une double interprétation d’un même objet : chaque accord peut être considéré soit comme un empilement d’intervalles, soit comme le filtrage d’un spectre harmonique dont on a gardé que quelques partiels approximés au quart de ton. Ces deux manières d’analyser l’accord permettent d’envisager deux modalités pour engendrer du matériau harmonique. Dans le premier cas, on peut obtenir d’autres accords par un jeu de combinatoire entre les intervalles, dans le second on peut déduires d’autres filtrages du même spectre harmonique qui donneront par approximation des fréquences d’autres accords. Dans le premier cas, les liens entre les accords engendrés sont combinatoires et dans le second acoustiques.
Le matériau harmonique de Ciels est donc un lieu de croisement entre modèle acoustique naturel – celui du spectre – et combinatoire plus abstraite. La mise en temps de ce matériau souligne encore son rôle de médium, puisque la forme de la première partie consiste en un itinéraire partant d’un spectre harmonique et arrivant à un matériau issu de combinatoire sans rapport avec le modèle acoustique du départ.
Jean-Luc Hervé.