Une phrase de Michau de l’Egouthail (1492 ?-1547) m’avait « interpellé » comme on ne dit plus : « Bransle est deslié et effroyable : il ne tient et ne regarde qu’à soy ny ne peult estre imité de null’autre chanson ». Il n’y a donc pas de pastiche possible d’un branle (un branle est un branle est un branle est un branle…) Un branle est toujours brusquement d’aujourd’hui. Danse délicate et effrayante, au caractère à la fois peu dessiné et impératif, c’est un oxymoron.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, on la danse en groupe et c’est principalement une affaire de pieds (« pied en l’air droict, pied en l’air gaulche, pied largy droicte, greue gaulche, souspir »). Thoinot Arbeau (alias Jehan Tabourot des Accords (1520-1593) note que « les poictevines le découpent & en font un bruit gracieux de leurs sabots » — sabots ternaires dans le branle du Poitou connu pour être rustique. Le branle se danse en cercle ou en ligne. Il est rangé dans la catégorie des basses danses , et se caractérise principalement par le pas de côté.
Je signale pour les érudits qu’une forme primitive de branle – la Carole – a été recueillie par Jean-Jacques Rousseau – J’avois pris mes pantouflettes – et publiée de façon posthume (1781) dans le recueil où je l’ai trouvé : Consolation des misères de ma vie.
Gérard Pesson.