Action - situation - signification est écrite à Paris au printemps 1982 pour l'ensemble Toimii. Cet ensemble, dont la naissance remonte à l'été 1980 alors que Lindberg préparait une exécution de Plus-Minus de Stockhausen avec ses amis musiciens, compositeurs et ingénieurs de son-informaticiens, lui permet de prolonger les expériences qu'il avait acquises en jouant du piano en duo. Toimii (« Ça marche »), un laboratoire musical plutôt qu'un ensemble dans le sens traditionnel, donnait à Lindberg l'occasion d'expérimenter et d'écrire des choses extrêmes, qu'il n'aurait jamais pu réaliser avec les formations constituées.
Action - situation - signification est une pièce exceptionnelle, qui montre l'influence de Globokar, sinon dans son écriture musicale, du moins dans sa conception d'utilisation de sources extramusicales dans l'élaboration d'une pièce de musique. Lindberg écrivait alors : « Seul ce qui est poursuivi jusqu'à l'extrême est intéressant — la recherche d'un ensemble équilibré est aujourd'hui impossible. On ne peut parvenir à un mode d'expression original que dans des zones marginales comme en associant l'hypercomplexe et le primitif *. »
Action - situation - signification cherche des correspondances entre les sons enregistrés dans la nature (bruits) et les sons produits par les instruments. La classification des sonorités est effectuée à partir des idées que Pierre Schaeffer exprimait dans son Traité des objets musicaux (Lindberg observera plus tard que sa classification était plus proche des conceptions de Helmut Lachenmann que de celles de Pierre Schaeffer). L'ouvrage Masse und Macht (Masse et puissance, Gallimard, 1986) d'Elias Canetti, qui décrit les caractéristiques des phénomènes de la nature, a également joué un rôle important dans l'élaboration de cette pièce. Les mouvements (Terre 1, La mer, Interlude : bois, Pluie, Interlude : métal, Feu, Vent, Terre 2) alternent des enregistrements bruts et statiques de la nature (« situation ») et le jeu des musiciens (« action ») ; les situations sont ainsi dynamisées et produisent, selon le compositeur, un sens (« signification »). Une multitude d'instruments à percussion sont utilisés dans la pièce, la plupart étant des « objets trouvés ».
* M. Lindberg, « A voice from the 80's », in Finnish Music Quaterly, 3-4, 1987, p. 17.
Risto Nieminen, « Magnus Lindberg », Les Cahiers de l'Ircam, coll. Compositeurs d'Aujourd'hui n° 3