Parti de From the Leaves of Shadow (1991), concerto pour alto et orchestre où l'instrument soliste doit faire face, parfois dans une franche opposition, à une masse orchestrale relativement imposante, Mores Leaves (2000) pour alto, ensemble instrumental et électronique, continue d'explorer les couleurs et les registres d'un instrument que Michael Jarrell affectionne autant pour ses sonorités que pour ses possibilités de jeux cachées. Ici, le dispositif électronique ne se substitue pas aux parties orchestrales originelles mais, telle une ombre sonore, enrichit l'instrument soliste de couleurs profondes et mâtes. Chez lui, l'attirance pour les instruments graves est déjà ancienne et, comme l'écrit Pierre Michel, cet amour des graves « rejoint peut-être l'idée de l'ombre, souvent présente dans le titre de ses œuvres : Der Schatten, das Band, das uns an die Erde bindet (1989 L'ombre, cette bande qui nous relie à la terre), ...d'Ombres lointaines... (1989-1990), [work:9493][From the Leaves of Shadow] (1991, pour alto et orchestre). »
Michael Jarrell a déjà évoqué sur ce plan l'importance de la découverte du Chant des Esprits sur les Eaux de Franz Schubert (pour chœur d'hommes et orchestre sans violons) : « j'y ai découvert un monde extrêmement sombre, des registres graves extraordinaires, avec énormément d'harmoniques résultantes, offrant une richesse d'écoute, de frottements et de timbres absolument fascinante. Comme dans ...some leaves II... (1998) œuvre pour alto solo issue du même concerto, More Leaves se fait le décalque parfois exact du concerto originel, avec une opposition des registres extrême aigu (brillant) et grave (plutôt mât), mais intègre aussi la distance nostalgique qui l'en sépare, caractérisée par une écriture nouvelle nettement plus intimiste. »
Michael Jarrell.