Wolfgang Mitterer grandit en pratiquant la musique à l’Église et dans les orchestres d’harmonie traditionnels du Tyrol. Il se rend à Graz en 1977 pour y étudier sérieusement l’orgue. L’année suivante, il fréquente l’École supérieure de musique de Vienne où il travaille l’orgue auprès d’Herbert Tachezi et la composition avec Heinrich Gattermeyer. En 1983, il étudie l’électroacoustique à l’EMS de Stockholm (Institut for Electroacoustic music in Sweden). Boursier du Ministère de l’Éducation, il passe une année à Rome en 1988.
Dans une perspective créatrice expérimentale, il navique parmi des styles musicaux variés, du contrepoint baroque au jazz-fusion, en passant par l’usage des samples et l’héritage de la musique concrète. Il collabore ainsi avec des ensembles de jazz, de musique populaire, des groupes New Wave ou bruitiste. Il travaille notamment avec Hirn mit Ei, Call Boys Inc., Pat Brothers, Dirty Tones, Matador et des musiciens comme Linda Sharrock, Gunter Schneider, Wolfgang Reisinger, Klaus Dickbauer, Hozan Yamamoto, Tscho Theissing et Tom Cora.
La musique de Wolfgang Mitterer se caractérise par l’inattendu, le choc des styles et des matériaux. La musique utilise la technique de l’oxymore en rapprochant des matériaux que tout oppose comme la note et le bruit blanc. Sa musique est un tissage d’ensembles instrumentaux multiples, de voix et de sons électroniques, association de bruits de scierie et d’orgues d’églises anciens, rencontre de milliers de choristes et d’orchestres d’harmonie traditionnels. La notion de performance inédite est présente dans Turmbau zu Babel, pour 4200 choristes, vingt-deux instruments à percussion, plus de quarante cuivres et bande (1993) ou Vertical silence (2000) pour quatre D.J., quatre acteurs, bande, pompiers, motos, fanfare, chœur d’enfants, chanteurs d’opéra, deux pelleteuses, camion, jogger avec des chiens, tronçonneuse, chasseurs, etc. desquelles l’improvisation se superpose à la musique notée. Mitterer prône un investissement complet du musicien-interprète dans la création, rejettant la conception dix-neuvièmiste de l’interprète comme simple exécutant, mais refuse simultanément l’improvisation libre et ses performances démonstratives, d’une virtuosité souvant stérile. Il se produit lui-même à l’orgue ou aux commandes de dispositifs électroniques en soliste et dans plusieurs collectifs, répondant à des commandes d’importantes institutions culturelles telles que les Wiener Festwochen, le Steirischen Herbst, le festival Wien Modern, le Wiener Konzerthaus, les Tiroler Festspielen Erl, le Klangspuren Schwaz, les radios autrichienne (ORF), allemande (WDR) et suisse (SRG).
L’œuvre de Wolfgang Mitterer comprend maintenant plus de deux cent compositions parmi lesquelles Amusie, pour six musiciens, haut-parleurs et orgue d’église cassé (1993), Crushrooms, théâtre musical pour trois comédiens, trois chanteurs, chœur de femmes, ensemble et électronique (2005), String Quartet 1.3. (2004), Brachialsinfonie, écrite pour le Klangforum Wien (2005), Und Träumte seltsam, pour soprano, petit chœur, ensemble et bande, Ka und der Pavian, pour chœur, treize musiciens et dispositif électronique, Networds 1-5, pour onze interprètes et bande (1998), Fisis, pour orchestre symphonique (1995).
Coloured noise (2005), une œuvre mixte pour petit ensemble et électronique d’une durée de plus d’une heure va imposer une électronique brutaliste. Elle a valeur de manifeste, d’une nouvelle synthèse musicale entre son et bruit. L’œuvre a reçu le Prix de la composition d’Erste Bank et l’année suivante, en 2006 le Prix Pasticcio de la Radio autrichienne (ORF).
Parmi ses compositions plusieurs fois reprises ou récemment crées, on peut citer l’opéra Massacre (2003), produit plusieurs fois en 2008, 2009 et 2010 (en tournée à Madrid, Porto et plusieurs villes de France), Zeit vergeht, installation sonore de 2004, Go next, créée au Maerzmusik à Berlin par le Remix Ensemble (2008), Nosferatu, pour orgue et électronique (2000), l’opéra pour enfants Das tapfere Schneiderlein, créé à Utrecht en 2006. Parallèlement, il réinvesit la culture pop avec la chanteuse Birgit Minichmayr dans le Sopop (2008).
Ces dernières années Wolgang Mitterer revisite la tradition musicale via l’électronique. Inwendig losgelöst (2006) pour orchestre baroque, ensemble instrumental et électroniques. Après avoir revisité Franz Schubert avec Im Sturm « dein ! dein ist mein hertz. » (2007), puis Anton Bruckner avec Music for checking e-mails (2010), aujourd’hui une nouvelle étape a été franchi avec Nine in one (2018), où il remixe les neufs symphonies de Ludwig van Beethoven dans la centrifugeuse bruitiste de Wolfgang Mitterer mais ce n’est pas un digest de l’intégrale de Beethoven à la manière de la Dixième de Pierre Henry 1927-2017), c’est un mixte de déconstruction et de dissolution du matériau.
Wolgang Mitterer est lauréat de nombreux prix récompensant son travail d’interprète et de compositeur, parmi lesquels on retient le SchallplattenKritik (meilleur enregistrement de Jazz) en Allemagne, les prix d’Ars Electronica, Max Brand, Futura Berlin, Emil Berlanda ou le prix de la ville de Vienne.