Ce livre part d’une ambition à la fois simple et folle : raconter la construction d’un pont suspendu quelque part dans une Californie imaginaire à partir des destins croisés d’une dizaine d’hommes et de femmes, tous employés du gigantesque chantier. Un roman-fleuve, « à l’américaine », qui brasse des sensations et des rêves, des paysages et des machines, des plans de carrière et des classes sociales, des corps de métiers et des corps tout court.
Le souffle épique de la construction du pont alterne avec les situations concrètes qui lient ou opposent les différents protagonistes. Chacun·e des acteur·rice·s prend part à la dimension chorale du récit mais prend également en charge l’un des personnages de l’histoire. Le rythme et la musicalité spécifiques à l’écriture de Maylis de Kerangal sont restitués pour établir une partition de voix et de mots à partir de laquelle Daniele Ghisi peut à son tour composer une architecture de notes et de sons.
Jacques Vincey
Avec la musique des épisodes de Naissance d’un pont, mon intention est de réunir les caractéristiques d’une fresque et d’un portrait. J’ai cherché à écrire une musique « à grandes arches », qui s’aventure parfois à la frontière entre narration et installation, où le spectateur peut se perdre ; mais une musique qui serait aussi, à la manière d’un portrait flamand, riche en détails minuscules qui pollinisent l’espace, et que ne peut saisir qu’une écoute attentive ou une deuxième écoute. Cette immersion et ces détails doivent être calibrés chirurgicalement pour trouver un équilibre avec la compréhension du texte, en complémentarité : la musique n’illustre pas le texte, mais constitue un véritable « deuxième texte » qui se confronte au premier.
Daniele Ghisi