Lorsque j’étais arbre ou pierre.

Lorsque j’étais ce devenir en sommeil fugitif.
Encerclée ma forme, aux contours vifs sous le soleil.
Et nombre ces femmes.
Et,
nombre ces hommes qui furent moi-même.
Tous au visage effacé.
Ici lointain, maintenant, ce présent.
Cillent mes animaux silex, aux sens éveillés à l’infini.
Mais sagesse l’en source.
Tant de beauté rouge – ô si cruelle –,
s’anoblit d’un tel partage.
Oui rouge mon fleuve, notre fleuve d’alors perpétuelle violence
vogue donc et roule sous l’orage !
Ainsi la rose aux volutes scribes de l’aube.
Vifs éclairs.
En l’instant.
Tous.
Je tends à l’éclore.
Lorsque je serai arbre ou pierre.

Philippe Schœller



Vertigo Apocalypsis

tsou

sou       lou     
               aal    laas                           
psiss

[langue couleur-orchestre]
— Priscis in tem(po) [latin - couleur/articulation]
— I am the alpha and the omega (Apocalypse de Jean 22,13)

— Priscis in temporibus virum
adamantinis civitatibus intus
turpitudine et motu civium circumda

– En des temps très anciens, un
homme, au cœur de cités granitiques,
 flanqué dans la turpitude et l’agitation
– tum
mystica [quædam] perfoderunt.
de sa communauté, fut traversé par
quelques actions mystérieuses.
– Pulchra aperta sunt splendoresque
oscillabundi
simul atque ingentes, hiantes,incensi
ignes.
– Beauté et lumières vertigineuses dévoilées,
tout autant que vastes abîmes incan-
Descents de feux.
– quos expertus natus est sermo
sermo fabulosus.

De ces expériences est née une parole.
Une parole de légende.

– Ejus narrat Vertigo Apocalypsis partu-
ritionem.
– Vertigo Apocalypsis est l’histoire de
cette naissance.
– Adonaï gala léamo [hébreu] Dieu se révèle au peuple

– Or on peut supposer une série « de
nombres tout à fait irrégulière en apparence
où les nombres croissent et diminuent
variablement
sans qu’il y paraisse aucun ordre ; et
cependant celui qui saura la clef du
chiffre
et qui entendra l’origine et la construction
de cette suite de nombres pourra donner
une
règle, laquelle étant bien entendue fera
voir que la
série est tout à fait régulière et qu’elle a
même
de belles propriétés. On la peut rendre
encore plus
sensible dans les lignes : une ligne peut
avoir des
tours et des retours, des hauts et des
bas, des
points de rebroussement et des points
d’inflexion,
des interruptions et d’autres variétés,
de telle sorte
qu’on n’y voit ni rime ni raison, surtout
en ne
considérant qu’une partie de la ligne ;
et cependant
il se peut qu’on en puisse donner
l’équation et la
construction, dans laquelle un géomètre
trouverait
la raison et la convenance de toutes ces
prétendues
irrégularités : et voilà comment il faut
encore juger
de celles des monstres, et d’autres prétendus
défauts
dans l’Univers.

Leibniz

[chuchoté -> parlé : foule/rumeur]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

– Les guerres considérables que
Louis XIV eut à soutenir pendant le
cours de son règne, en épuisant les
finances de l’Etat et les facultés du
peuple, trouvèrent pourtant le secret
d’enrichir une énorme quantité de ces
sangsues toujours à l’affût des calamités
publiques qu’ils font naître au lieu
d’apaiser, et cela pour être à même
d’en profiter avec plus d’avantages. La
fin de ce règne, si sublime d’ailleurs,
est peut-être une des époques de
l’Empire français où l’on vit le plus de
ces fortunes obscures qui n’éclatent
que par un luxe et des débauches
aussi sourdes qu’elles. C’était vers la
fin de ce règne et peu avant que le
Régent eût essayé, par ce fameux tribunal
connu sous le nom de Chambre
de justice, de faire rendre gorge à
cette multitude de traitants, que
quatre d’entre eux imaginèrent la singulière
partie de débauche dont nous
allons rendre compte.

Sade

[chuchoté -> parlé : foule/rumeur]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

aa vi lou i aa mi i e lou fa sté
phlâ dè sta deko
le la lou lou lé la loa lo
vié-sta sta sta vi èl il mortum
sta vié
vi sta mortum vi lé
vess ta li tum ess alss vi sta viss
elss ta sta vé al viatum sta al
tum ess lou lou ess ess djo
slevesotu so lauda num vitum leï
virum da lau tu vé num
leï ve tu vi num da lau so tu so
vé sleï
(vi sta) ∞
vi a ou

dji dji djou -> a
sta sta steï -> a
djou ve sto -> a
djé jé tou -> i
sto le so -> e
sto leï dja -> a
dju steï sté -> e
sta djé va -> o
djo vi -> e
djo djo -> o
djo -> sta

[langue couleur/dynamique - orchestre]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


– I am the alpha and the omega
(Apocalypse de Jean 1,8)
je suis l’alpha et l’omega
– vi sta mi lo nen ess tiko fatuendo
lirens avilomoteus ilë ité
[langue latin-couleur {rythme/couleur}]
– mi sta filamorium ess ti nelicadent
fo sté lé i kamiss
 
– lan da virtuka mistem ilio pha tchent
ill
 
– il mortum arens tu linton de phi sta
lou
pio sin dé

 
 – je regardai et j’entendis un (Apo. 8, 13)
eagle nésher kotkass aigle aquila adler
un autre ange (Apo. 10, 1)
(anglais, hébreu, estonien, français,
latin, allemand)

– le septième versa sa coupe dans l’air
(Apo. 16,17)
 

– SUBSTANTIA ABSOLUTE INFINITA EST
INDIVISIBILIS (Spinoza - Ethique 1, 13)

– une substance absolument infinie est
 indivisible
   
– PER CORPUS INTELLIGIMUS (Spinoza -
Ethique 1,15 Scolie 9)
– par corps nous entendons…
– ORDO ET CONNEXIO IDEARUM IDEM
EST AC ORDO ET CONNEXIO RERUM
(Spinoza - Ethique 2, 7)
– l’ordre et l’enchaînement des idées est
le même que l’ordre et l’enchaînement
 des choses

– ID, QUOD CORPORI HUMANO, ET QUI-
BUSDAM CORPORIBUS EXTERNIS, A QUI-
BUS CORPUS HUMANUM AFFICI SOLET,
COMMUNE EST, ET PROPRIUM, QUOD
QUE IN CUJUSCUNQUE HORUM PARTE
ÆQUE, AC IN TOTO EST, EJUS ETIAM ERI
IN MENTE ADÆQUATA
(Spinoza- Ethique 2, 39)

– ce qui est commun au Corps humain
et à certains corps extérieurs par les
quels le Corps est ordinairement affec-
 té, et leur est propre, et est autant dans
la partie de chacun d’eux que dans le
tout, de cela aussi l’idée sera dans
l’Esprit adéquate

 
– Adonaï gala léamo.  
– Hoï !  
– Le soleil devint (a a a) noir (Apo. 6, 12)  
– a sea of glace (Apo. 15, 2) – une mer de cristal
– brimstone, smoke, fire (Apo 9, 18) – souffre, fumée, feu
– the moon became as blood (Apo 6, 12) – la lune entière devint comme du sang
– mêlée de feu (Apo 15, 2)  
– the key of the bottomless pit and a great
chain in his hand (Apo 20, 1)

– la clé de l’abîme et une grande chaîne
à la main
   
– OMNIS, OMNIS, OMNIS, SUBSTANTIA – Toute substance est nécessairement
EST NECESSARIO INFINITA. (Spinoza -
Ethique 1, 8)
infinie.
– is the second death (Apo. 20, 14) – est la seconde mort
– is the book of life (Apo. 20, 12) – est le livre de vie
– as the sand of the sea (Apo. 20, 8) – comme le sable de la mer
– lake of fire (Apo. 20, 15) – étang de feu
– and on either side of the river
was the tree of life (Apo 22, 2)
– sur les deux bords du fleuve
se trouvait l’arbre de vie
– and the twelve gates were twelve pearl
(Apo. 21, 21)
– et les douze portes étaient douze
perles
– which bare twelve manner of fruits and
yielded… (Apo. 22,2)
– qui produit douze récoltes et donne…

   
– IDEA, QUÆ CORPORIS NOSTRI EXISTENTIAM
SECLUDIT IN NOSTRAMENTE DARI
NEQUIT, SED EIDEM EST CONTRARIA.
(Spinoza - Ethique 3, 10)
– une idée qui exclut l’existence de
notre Corps ne peut se trouver dans
notre Esprit, mais lui est contraire.
   
– Adonaï gala léamo – Dieu se révèle au peuple
  (remerciements à Guillaume Bonnet pour
la traduction)

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