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Composé par Tatiana Catanzaro , concert du 17 juillet 2006

informations

évènements
Acanthes 2006
Lieu de représentation
Arsenal - Esplanade, Arsenal - Esplanade (Metz)
durée
11 min
date
17 juillet 2006

Il y a bien longtemps, j’ai lu une petite phrase écrite par la philosophe Hannah Arendt (1906-1975) dans laquelle elle affirmait que l’art, selon les Romains anciens, devrait surgir aussi naturellement que les champs, devait tendre vers la nature, et que la source de toute la poésie se trouvait dans le « chant que les feuilles fredonnent à elles-mêmes dans la verte solitude des bois ». D’ores et déjà, plus qu’une phrase, cette sonorité particulière m’a imprégnée et je n’ai jamais pu me débarrasser de ce bruit des bois. Ainsi, je suis allée chercher les poètes romains de l’Antiquité pour découvrir leurs pensées, leur art. Rapidement, j’ai trouvé le genre bucolique et, à l’intérieur de ce genre, une Bucolique en particulier, écrite par Virgile (vers 70-19 av. J.-C.) que les bois ont inspirée. Celle-ci, la sixième Bucolique, était, en fait, une méta-poésie, un style très humble que Virgile, dans sa première œuvre poétique écrite (Les Bucoliques) avait rencontré pour demander la permission à Apollon d’entrer dans son bois sacré, « Griney » : la forêt de la poésie. Pour cela, il a évoqué les grands poètes et philosophes de son temps, afin qu’ils puissent l’aider à soutenir son défi. J’ai trouvé cette idée très amusante, puisque celle-ci est, à mon tour, aussi ma première œuvre écrite en Europe. Mon but n’était pas de créer une image apollinienne mais, au contraire, d’essayer de jouer avec le côté dionysiaque de cette image-là, comme dirait Nietzsche. Dès lors, j’ai décidé de transformer ces références en musique, mais de les transformer dans ma musique. J’ai emprunté les mythes cités dans la Bucolique VI, et j’ai écouté quelques compositeurs qui ont écrit de la musique avec de tels mythes, et, surtout, j’ai écouté la Nature. Le bois. Ensuite, j’ai puisé dans les techniques de grands maîtres, afin de pouvoir les évoquer dans ma musique, pour qu’ils puissent, également, m’aider à soutenir mon défi. Evocation comparable au rituel anthropophagique : « Tupi or tupi, that’s the question », dirait Oswald de Andrade au Brésil dans les années vingt, mais c’est autre histoire./T.C.

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