D'une certaine manière, Vola trouve son inspiration poétique dans le mythe d'Icare. Sans en conserver l'aspect narratif, cette pièce emprunte à ce mythe des éléments particuliers qui servent de point de départ à la réalisation musicale. La « transformation » d'Icare en oiseau, son envol, sa contemplation, sa chute sont autant d'idées qui trouve écho dans cette composition. Au-delà de ces images poétiques, ce sont peut-être les notions de transformation et de gestualité qui ont prédominé lors de la réalisation.
C'est dans un battement d'ailes que débute la pièce ; pour concrétiser cette idée, j'ai eu recours à des techniques particulières d'écriture, où l'instrumentiste joue sur la caisse de la contrebasse produisant ainsi des sons de type bruiteux qui se rapprochent de ces frottements de l'air produits par les volatiles. Par la suite, et dans cette logique de transformation de la matière sonore, l'instrument s'ouvre progressivement ; de ces gestes furtifs émanent tout d'abord quelques notes, puis se distinguent des figures rythmiques, des harmonies, donnant à leur tour naissance à un nouveau matériau comme si la musique se construisait peu à peu d'elle-même.
Par ailleurs, cette idée de transformation s'exprime aussi dans la partie électroacoustique, qui peut s'envisager comme un élargissement du domaine instrumental. Outre quelques timbres de synthèse, la majeure partie des sons de cette pièce proviennent d'enregistrements de contrebasse qui ont été transformés en studio ; l'instrumentiste dialogue ainsi avec lui-même ou plutôt avec son propre miroir parfois fidèle, parfois déformant, tissant un jeu de va-et-vient musical entre la scène et les haut-parleurs.
Pierre Jodlowski.