Heinz Holliger (1939)

Trio (1966)

pour hautbois, alto et harpe

  • Informations générales
    • Date de composition : 1966
    • Durée : 15 mn
    • Éditeur : Ars Viva, distribution Schott, nº AVV 306
    • Dédicace : pour Ursula Holliger
Effectif détaillé
  • hautbois, alto, harpe

Information sur la création

  • Date : 15 février 1967
    Lieu :

    France, Paris, Domaine musical


    Interprètes :

    Heinz Holliger : hautbois, Serge Collot : alto, Ursula Holliger : harpe.

Note de programme

Les années soixante furent pour Heinz Holliger le moment de la mise en application de techniques acquises lors de sa formation. Dans Glühende Rätsel (1964) et dans ce Trio de 1966 notamment transparaissent des influences évidentes – comme celle de Pierre Boulez – au moment où le compositeur effectuait néanmoins une transition entre les techniques sérielles et la recherche instrumentale. L'ensemble hautbois-alto-harpe, qui pourrait évoquer a priori la musique française du début du siècle, est d'ailleurs « détourné » par Holliger vers une conception assez « radicale », typique de sa démarche : « Mon rapport à la musique réside entièrement dans le fait que j'essaie toujours d'atteindre des limites. L'une de mes pièces s'intitule Ad Marginem... En tant qu'instrumentiste j'essaie toujours de porter ce que je fais aux limites extrêmes. Et lorsque je compose, j'essaie d'épuiser un matériau jusqu'à ses limites, jusqu'à ce que débute quelque chose de nouveau 1. »

Les trois parties de l'œuvre offrent trois regards sur l'« aléatoire contrôlé » : la première superpose des tempi différents – à la manière de Zeitmasse de Stockhausen –, la deuxième laisse partiellement aux interprètes le choix de l'ordre de la succession de ses huit feuillets selon un système de « signal », la troisième (enchaînée à la précédente et où apparaît le cor anglais) désolidarise progressivement la harpe de ses partenaires et fait apparaître finalement pour chaque instrument des motifs à jouer dans un ordre libre – on pense un peu ici aux Domaines (1961-1968) de Boulez. À cette dimension « écrite » se superpose l'exploration des timbres ainsi que de diverses techniques des instruments, et particulièrement du hautbois dont la sonorité « historique » par excellence est un peu bousculée par des modes d'attaque peu communs, des « saturations » provoquées par le souffle, des mouvements mélodiques sinueux (où l'arabesque rejoint parfois celle de la musique de Boulez de cette époque), des ouvertures vers les registres suraigus. Holliger contribuait déjà ici, comme il l'a fait par la suite de façon plus poussée dans Pneuma, à l'élargissement du « répertoire acoustique 2 » des instruments tout en maintenant un lien – parfois conflictuel – avec l'écriture.

  1. Heinz Holliger, in Peter Niklas Wilson, « Ein sensibler Extremist », in Neue Zeitschrift für Musik, mai 1989, traduction P. Michel.
  2. Expression de Robert Piencikowski, in « Heinz Holliger hautboïste, chef, compositeur », in Dissonanz, n° 21, août 1989.

Pierre Michel.