Luca Francesconi (1956)

Trama (1987)

pour saxophone et orchestre

  • Informations générales
    • Date de composition : 1987
    • Durée : 20 mn
    • Éditeur : Ricordi, Milan, nº 134512
    • Dédicace : à Grzegorz Nowak et John Sampen
Effectif détaillé
  • soliste : saxophone
  • 2 flûtes (aussi 1 flûte piccolo), hautbois, cor anglais, clarinette, clarinette basse, 2 bassons (aussi 1 contrebasson), 2 cors, 2 trompettes, trombone, vibraphone (aussi marimba), glockenspiel, harpe, piano, cordes

Information sur la création

  • Date : janvier 1992
    Lieu :

    création non publique : enregistrement discographique


    Interprètes :

    l'Orchestre de la Radio de Bucarest ; création publique par Arno Bornkamp : saxophone et l'Orchestre symphonique de Reykjavik.

Note de programme

Pourquoi « trama » ? Trame signifie tissu, filigrane, ou encore complot, machination. Au théâtre il désigne le fil narratif du récit. Ce fil, je l'introduis dans le contexte abstrait et complexe qui est celui du langage contemporain. Plus encore, et il devrait toujours en être ainsi, la structure linguistique en devient le support et le moyen.

Il semblait désormais impossible de raconter, comme si nous devions être privés d'une faculté qui semblait inaliénable, la plus certaine d'entre toutes : la capacité d'échanger des expériences.

Notre génération n'est pas d'accord. Ou plutôt, l'Histoire avance et produit une nouvelle impulsion vitale qui rend indispensable, comme l'air que l'on respire, l'invention d'un fil narratif, la recomposition d'une unité intérieure qui rende à nouveau possible le dialogue avec les autres. Et c'est une histoire très profonde que celle qu'il nous faudra raconter.

La musique est séduction. Elle doit cependant être une expérience riche qui implique notre esprit au-delà de sa séduction sensorielle immédiate : c'est une une danse profonde entre l'instinct et la raison, continuellement à la recherche d'un équilibre, que se consume notre expérience perceptive la plus vraie.

Cette « trame », ce fil rouge est donc aujourd'hui de la plus grande importance, entendu comme transparence, clarté formelle, capacité de contrôler et de communiquer une pensée musicale, équilibre entre l'énergie et son résultat.

Il y a cependant une condition incontournable pour parvenir à tracer cette ligne pure dans l'espace : la capacité à élaborer un langage suffisamment articulé et profond pour interpréter une réalité si complexe. Sans quoi nous n'aurions pas même les mots pour raconter.

Notre forêt de symboles quotidiens est enchevêtrée, très riche et stimulante mais aussi chaotique et cruelle, parfois terrifiante. Un fil cependant doit exister, ou nous devons inventer : il nous est indispensable de trouver une « trame ».

Luca Francesconi, programme Ars Musica 92.