Brian Ferneyhough (1943)

Second string quartet (1980)

  • Informations générales
    • Date de composition : 1980
    • Durée : 11 mn 30 s
    • Éditeur : Peters, nº EP 7229
Effectif détaillé
  • violon, violon II, alto, violoncelle

Information sur la création

  • Date : septembre 1980
    Lieu :

    création radiophonique, Allemagne, radio Ouest Allemande et création en concert, le 2 octobre 1980, Italie, Venise, Biennale


    Interprètes :

    le Quatuor Arditti.

Observations

Enregistrement : Montaigne/Auvidis MO 789002.

Note de programme

Il s'agit dans ce morceau de silence, non pas du silence littéral (bien que ceci soit également un trait caractéristique évident de la section d'ouverture) mais plutôt de cette absence délibérée au cœur de l'expérience musicale qui existe afin que l'auditeur puisse s'y rencontrer. Puisqu'il n'est possible d'approcher les différentes formes de silence que par le biais de leurs divers négatifs propres, l'organisation de ce quatuor s'efforce de definir plusieurs chemins concentriques de plus en plus resserrés convergeant vers ce moyeu d'immobilité. Le labyrinthe à travers lequel l'approche se fait tente de suggérer un certain nombre d'implications possibles en même temps, les réseaux denses d'organisation qui font partie de l'acte de composition s'enfoncent sous la surface et sont ainsi délibérément absorbés dans l'entrelacs scintillant des gestes de surface qui, tout en constituant le trait le plus évident, à première vue, de l'œuvre, sont concus pour rester perméables à d'autres sphères de compréhension dont les traits caractéristiques se trouvent en de nombreux points sur le chemin de descente vers le centre (qui n 'est pas nécessairement représenté par le point central de l'œuvre elle-même) (...).

À l'inverse de beaucoup de mes compositions de la dernière décennie dans lesquelles j'ai tenté une « investigation esthétique » de plusieurs régions d'interaction musico-culturelle, le genre du quatuor m'a ici imposé ses propres règles du jeu, m'obligeant à me réorienter complètement à l'intérieur des limites de ce qu'on peut appeler (banalement) le « purement musical ». Ce qui est, bien entendu, le plus universel possible. En même temps, chaque perception tire une partie de sa signification, son parfum particulier, du réseau d'expérience dont elle forme un lien indissoluble. À l'occasion de ce quatuor, ce qui m'intéressait était d'essayer de détourner ce fait pas trop évident (mais néanmoins concrètement présent), en séparant le mieux possible organisation et présentation. Tandis que la surface de beaucoup de mes œuvres précédentes se compose d'une « structure cristallisée » (leurs squelettes vers l'extérieur), le deuxième quatuor veut délibérément cacher la méthodologie qui l'a généré sous une stratification gestuelle relativement compréhensible sur le champ. Ces gestes visent à détourner l'écoute de ce cadre structurel, tout en permettant à celui-ci de « colorer » d'autres dimensions d'une manière moins palpable, mais plus omnipénétrante.

Le but immédiat de ce stratagème a été de nature double : premièrement d'indiquer cette région d'ombre qui se trouve dans chaque œuvre d'art, entre la réalisation manifeste et la « préhistoire » (celle du genre et de l'œuvre individuelle) et qui conditionne en large partie les limites et la densité du discours, deuxièmement, de suggérer des façons d'aborder et d'apprendre à communiquer avec la chaîne complexe des niveaux de perception qui séparent l'auditeur de ce centre immobile d'appréhension où il perçoit les éléments de l'œuvre irradiant de son moi vers l'extérieur, et le comprenant lui-même dans leurs mouvements. Entre chacun de ces niveaux, tout comme à ce point central d'identification, se trouve l'absolu sans transition et immobile.

Brian Ferneyhough.