Mikel Urquiza (1988)

Lavorare stanca (2020)

pour 12 musiciens

  • Informations générales
    • Date de composition : 2020
    • Durée : 12 mn
    • Éditeur : édition du compositeur
    • Commande : ensemble C Barré
    • Dédicace : ensemble C Barré
Effectif détaillé
  • clarinette, saxophone, trompette, percussionniste, piano, accordéon, cymbalum, mandoline, guitare, harpe, violoncelle, contrebasse

Information sur la création

  • Date : 18 mars 2021
    Lieu :

    France, Paris, Centre Georges Pompidou, Grande Salle


    Interprètes :

    Ensemble C Barré

Note de programme

Cesare Pavese nous rappelle dans son recueil de poésie lavorare stanca que travailler fatigue ; c’est une évidence – pourtant on l’oublie volontiers, dès lors que ladite fatigue n’est pas la nôtre. Derrière certains gestes urbains (appeler un VTC, se faire livrer à dîner, commander un service ménager) se cache un travail sous-payé, dissimulé derrière l’écran du téléphone.

Au XXe siècle, les ouvriers pouvaient compter sur la puissance de leur nombre. Aujourd’hui le smartphone est devenu la machine de chacun, l’usine individuelle, et, face aux tactiques abusives des applications, les travailleurs sont isolés et démunis. Sur les réseaux sociaux, ils se montreront toujours oisifs, car le travail est devenu honteux, mais au verso des photos, la fatigue persiste.

Jouer d’un instrument fatigue aussi. La virtuosité musicale est plus impressionnante lorsqu’elle s’accompagne d’une aura de facilité, mais c’est un effet calculé et cultivé, construit à force de pratique et d’étude. Les longues heures de travail d’un musicien sont aussi invisibles que celles des conducteurs et conductrices, livreuses et livreurs et aides ménagères 2.0 ; par ailleurs, les uns comme les autres se penchent sur leurs instruments/téléphones avec une même intimité, une même intensité, une même nécessité.

Je veux faire surgir cet effort ; le comprendre, l’esthétiser et le mettre en scène pour qu’on puisse le regarder, l’apprécier et le rémunérer à sa juste valeur – en espérant que cette sensibilité éveillée puisse transcender la musique et s’étendre à tous les travaux, qui fatiguent.

Mikel Urquiza, programme du concert du 18 mars 2021 au Centre Pompidou