Bernard Cavanna (1951)

Zaïde-actualités (2005)

opéra


œuvre scénique

  • Informations générales
    • Date de composition : 2005
    • Durée : 20 mn
    • Éditeur : Éditions de l'Agité
    • Commande : Théâtre de Cornouailles-Scène nationale de Quimper
    • Livret (détail, auteur) :

      Michel Rostain, faisant suite à l’opéra Zaïde de Mozart

Effectif détaillé
  • solistes : 1 soprano solo, 1 ténor solo, 2 barytons solo
  • 1 flûte, 1 hautbois, 1 clarinette, 1 basson, 1 cor, 4 violons, 3 violons II, 2 altos, 2 violoncelles, 1 contrebasse

Information sur la création

  • Date : 29 septembre 2006
    Lieu :

    France, Quimper, Théâtre de Cornouaille-Scène nationale de Quimper


    Interprètes :

    Elise Gäbele : soprano, Rémi Garin : ténor, Alain Buet et Jacques Calatayud : barytons et les musiciens de l’Orchestre régional de Basse-Normandie dirigé par Dominique Debart.

Observations

Cette pièce ne peut-être donnée qu’à la suite de l’opéra de Mozart (sauf le mouvement intitulé « trente six mesures pour Zaïde »)

Mise en scène et livret : Michel Rostain
Décors Jean-Pierre : Larroche
Costumes : Chantal Thomas
Lumières : Stéphanie Petton
Assistante à la mise en scène : Marie Guenoux
Chef de chant : Gwenaëlle Villier-Cochevelou

Note de programme

Poursuivre l'écriture d'un opéra de Mozart nous expose évidemment au crime de « lèse-majesté » !  toutefois la pression retombe légèrement si l'on considère que cette « ignominie » au sein du Zaïde-actualité n'est pas le prolongement de l'œuvre du génial prédécesseur, mais une sorte de déviation, d'œuvre déviante qui, bien qu'indépendante, poursuit à sa manière la trame originale du livret de Mozart.

Le dénouement imaginé par Michel Rostain tourne au drame, au drame sordide puisqu'ici, l'adultère conduit à une épouvantable lapidation. Drame divertissant car le « journaliste », personnage central de ce dernier acte, s'emparera de cette sombre histoire pour alimenter les premières minutes de son « 20 heure ».

Puisque le drame de l'un constitue le divertissement de l'autre, j'ai souhaité rester dans la « délectation » du divertissement, m'inspirant ici plus des mots d'un Thierry Roland (« de bien belles images qu'on aimerait voir un peu plus souvent ») que les digressions intelligentes et raffinées d'un Deleuze sur l'opposition entre Immortalité et Eternité.

Ici tout est simple : cinq pièces constituent l'ensemble de ce Zaïde-actualité.
Chaque pièce reprend un fragment, une mesure, un accord de la musique du Zaïde de Mozart.
Chaque pièce est écrite dans un univers harmonique clos, résultant souvent de multiples strates, écrites en boucle.
Chaque pièce enfin, souhaite mettre au centre la voix.
Alors très peu de psychologie, de la bonne vocalise, des trilles, des trémolos et quelques pincées d'insouciance.

Les 5 parties de la pièce (descriptif)

1. Mélodrame

La première pièce reprend l'idée du « mélodrame » du Zaïde de Mozart, à savoir l'alternance ou la juxtaposition d'une voix parlée (narrateur) et la musique « descriptive » de l'orchestre.

Celle-ci se construit uniquement sur un accord de sol majeur (extrêmement étiré, perché dans l'aigu) et deux fragments, deux phrases à peine énoncées empreintes à l'air de Zaïde de Mozart et de son mélodrame.

2. Reportage

Le Sultan (Slimane) nous dit qu'il est violent, doté d'un cœur de pierre. Il l'énonce presque calmement. L'orchestre est en revanche plus tumultueux. A un moment, Slimane poursuit son récit en chantant une chanson étrange, en allemand puis en français « les yeux du cobra fascinent les yeux de l'oiseau… ». Enfin il reprend son chant en manifestant son désir profond de tuer Zaïde. Allazim, sage confident de Slimane tente en vain de le calmer. Sous les mots « je te tuerai », l'orchestre énonce quelques notes légères de Mozart.

3. Trio

Véritable morceau de bravoure, à la fois pour les chanteurs et l'orchestre, ce trio est construit sur quelques mots du livret original de Zaïde : « nous sommes heureux, il faut beau, le soleil brille… », également en français et en allemand. Il dure cependant six minutes ! six minutes de grande virtuosité.
Nous sommes au premier jour de l'histoire de Zaïde. Les trois personnages (Zaïde, Slimane, Allazim) sont heureux. Le couple vient de se marier.
Ce fut pour moi le prétexte d'écrire un véritable trio vocal, sans psychologie, tout en vocalises. Il se termine curieusement dans le grave de la voix, sur des valeurs longues, sur les mots : « jour de joie ».

4. Trente six mesures pour Zaïde

36 longues mesures, chacune de 10 temps (3+2+2+3). Dès que Zaïde apparaît sur le mot Tiger, trois accords écrits en boucle, vont s'enchaîner quasiment jusqu'à la fin.
Les mots de cet air sont ceux du fameux Tiger de Mozart. Nous sommes à la fin du drame. Zaïde ne souhaite plus revenir vers Slimane. Elle préfère mourir que de le suivre.
Quelques bruissements curieux, bruits d'insectes, atmosphère lourde et silencieuse sont donnés aux cordes de l'orchestre.

5. Le journaliste

Il veut absolument s'emparer du scoop de cette histoire, essaie de convaincre Slimane pour qu'il se confie à lui. Slimane reste (malgré son horrible geste) dans l'amour de Zaïde. A la fin de cet épilogue, on entend quelques bribes de la voix de Zaïde empreintes encore à Mozart.

Bernard Cavanna