- Informations générales
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Date de composition :
1998
- Durée : 32 mn
- Éditeur : Lemoine, Paris
- Commande : Festival de Darmstadt
- Dédicace : Ensemble Recherche et Kwamé Ryan (chef d'orchestre).
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Date de composition :
1998
- Genre
- Musique concertante [Hautbois et petit ensemble jusqu'à 9 instruments]
- soliste : 1 hautbois d'amour
- 1 flûte, 1 clarinette basse, 1 vibraphone, 1 piano, 1 violon, 1 alto, 1 violoncelle
Information sur la création
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Date :
23 juillet 1998
Lieu :Festival de Darmstadt, Allemagne
Interprètes :Jacqualine Burk : hautbois d'amour, Ensemble Recherche, direction : Peter Hirsch
Note de programme
Comme le laisse supposer le sous-titre, ce cycle de canons prend sa source dans les huit premières notes du thème de l’Aria mit verschiedenen Veraenderungen (Variations Goldberg) de Johann Sebastian Bach. Lui-même, dans une page découverte en 1975, avait envisagé des extensions spécifiques à ce thème (partagé en tant que sujet de chaconne par maints compositeurs européens des XVIIe et XVIIIe siècles), sous forme de quatorze canons-énigmes.
C’est sans doute la pesanteur de l’époque désastreuse que je suis contraint de vivre et d’observer qui me porte vers les citations (ou les détournements) d’auteurs littéraires et philosophiques du passé. Malgré mon peu d’attirance particulière pour le petit jeu des citations musicales, la mise en œuvre critique des techniques du passé (en particulier les techniques canoniques prolationnelles) permet un conflit potentiellement riche d’expériences esthétiques entre la surface rhétorique de la musique, ce qu’elle laisse entrevoir de son organisation à des niveaux plus intermédiaires, et les plans architectoniques, dans leur nécessaire rigidité.
On pourrait dire que le véritable sujet de ces huit pièces, plus que huit notes aux propriétés certes remarquables dans le contexte tonal, serait un arsenal de techniques disponibles dans l’histoire, toutes susceptibles d’élargissements du domaine symbolique vers le domaine conceptuel. L’élargissement en question devrait idéalement être perçu dans l’acception hégélienne du mot, où le rapport de l’opposition qualitative et de la diversité quantitative fait voir le caractère inessentiel et inconceptuel de la relation de grandeur.
Le spectre de la rhétorique est toujours très présent dans mon travail. Ici, les techniques de la persuasion ne sont mises en œuvre que dans les canons impairs, qui revêtent l’apparence de formes connues, avérées : un détournement de ricercare pour le canon I, un mouvement de sonate échappé de son milieu baroque pour le canon III, un récitatif accompagné — qui aurait oublié son texte (sa raison d’être) — pour le canon V, une aria mythomaniaque pour le canon VII.
Les trois premiers canons pairs (Notturni 1, 2 et 3) tentent de limiter autant que possible les actions compositionnelles intermédiaires en rendant évidente la théorisation de leur architecture jusqu’à la dénudation. L’ambition stylistique est ici particulièrement effacée, ouvrant l’écoute vers des interprétations personnelles informelles, distantes, évasives. Le dernier canon, une sorte de choral en forme d’impasse, tente une résorption dialectique de l’histoire et du dénuement et s’ouvre sur une coda en émiettement. Un certain sfumato conceptuel aurait pu être appliqué à l’ensemble de l’œuvre, en arrondissant les contours. L’arrière-pensée géométrique, les perspectives, en auraient été abîmées. En outre, je ne revisite jamais mes œuvres, me contentant d’écrire celles qui manquent encore.
Brice Pauset, janvier 1998.
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