Marc Monnet (1947)

Bosse, crâne rasé, nez crochu (1998 -2000)

pièce pour piano solo et ensemble avec électronique en temps réel, avec trois intermèdes pour deux pianos

œuvre électronique, Ircam

  • Informations générales
    • Date de composition : 1998 - 2000
    • Durée : entre 25 mn et 45 mn
    • Éditeur : cerise music
    • Commande : Ircam-Centre Pompidou
    • Dédicace : à Franco Donatoni
Effectif détaillé
  • soliste : piano
  • flûte, hautbois, clarinette, clarinette basse, basson, cor, trompette, trombone, 2 percussionnistes, clavier électronique/MIDI/synthétiseur (aussi piano [pour les intermèdes] ), 2 altos, 2 violoncelles, contrebasse

Information sur la création

  • Date : 20 décembre 2000
    Lieu :

    Paris, Centre Georges-Pompidou


    Interprètes :

    Hidéki Nagano : piano solo, Michael Wendeberg : 2e piano pour les intermèdes, Ensemble intercontemporain, direction : Pierre-André Valade.

Information sur l'électronique
Information sur le studio : Ircam
RIM (réalisateur(s) en informatique musicale) : Gilbert Nouno
Dispositif électronique : temps réel, spatialisation

Observations

Écouter l'enregistrement du concert du 23 février 2012 au Centre Georges Pompidou : https://medias.ircam.fr/x43f3ac_bosse-crane-rase-nez-crochu-marc-monnet

Titres des parties

  • Intermède : tulipes
  • 1er mouvement
  • 2e mouvement
  • acrobates
  • 3ème mouvement
  • chatouillement
  • 4e mouvement
  • 5e mouvement

Note de programme

Ce que l'on remarque dans l'avant programme d'une création, c'est le titre, surtout quand il revêt un caractère étonnant comme celui-ci. Pourtant, là n'est pas l'essentiel. Le titre, c'est comme un nom propre. C'est une façon de nommer. En rien, le nom préfigure la personne, même si celle-ci s'appelle Dupont ou Paillasson. Le titre Bosse, crâne rasé, nez crochu provient de la description de l'un des personnages du théâtre latin des Atellanes : Maccus. C'est le caractère de l'anormalité qui m'a intéressé. Dans un monde où tout devient convention, celui qui diffère, qui génère une différence soit physiquement, soit mentalement, me semble plus intéressant à regarder et à écouter qu'un discours linéaire et/ou répétitif.

Là s'arrête l'anecdote pour le titre de cette pièce. Evidemment, « concerto pour piano » serait plus clair, mais implique par là même, une vision « toute faite ». La forme deviendrait porteuse du projet. Ici, au contraire, la forme en cinq mouvements et trois intermèdes ne s'appuie sur aucune convention passée. Pas de concerto, pas de survalorisation d'un soliste, deux pianos en intermède, bref, il s'agit bien d'autre chose. La relation n'est donc pas une relation concertante entre le pianiste et l'ensemble, mais une relation « intégrée », sans volonté de domination ni de préférence. Hormis la forme, la musique ne peut être classée facilement. Parfois extrêmement rapide, ponctuelle, elle caresse un travail de transformation du son qui allonge le temps, mais jamais de façon systématique. À d'autres instants, elle devient presque répétitive, inachevée, suspendue. Il n'y a pas de volonté de s'inscrire dans une logique d'écriture. Au contraire, le propre de ce travail est une grande liberté. Comment obtenir par le son, à la fois cette force, ce souffle que transmet une œuvre conséquente, tout en construisant une organisation qui ne peut que rester arbitraire mais néanmoins suffisamment structurante... Ni le « structurant », ni le « souffle » ne peut s'organiser d'une façon « rationnelle ». Chaque fois que l'outil dépasse la pensée, celui-ci devient aveuglant. Le travail engagé oscille entre une organisation inséparable du savoir et de la culture du compositeur, et un monde « lointain », à la recherche du plaisir. Ainsi, aussi bien Bosse, crâne rasé, nez crochu que les « intermèdes » prennent le risque d'une invention qui évite — si possible — les dogmes d'hier ou d'aujourd'hui tout en utilisant certaines techniques récentes sans tomber dans les errements des retours à...

Marc Monnet, 23 novembre 2000, programme du concert du 20 décembre 2000, Centre Georges-Pompidou.

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