Esa-Pekka Salonen (1958)

Five Images after Sappho (1999)

pour soprano et ensemble

  • Informations générales
    • Date de composition : 1999
    • Durée : 20 mn
    • Éditeur : Chester Music
    • Commande : Festival Ojai et le London Sinfonietta avec le soutien de Linda Attiyeh, Betty Freeman, de l'Art Council of England et de l'Ambassade de Finlande à Londres
    • Dédicace : à Dawn Upshaw
    • Livret (détail, auteur) :

      Esa-Pekka Salonen, d'après des fragments de Sappho (en anglais).

Effectif détaillé
  • soliste : soprano solo
  • flûte (aussi flûte piccolo), hautbois (aussi cor anglais), clarinette (aussi clarinette basse), basson (aussi contrebasson), 2 cors, percussionniste, harpe, piano (aussi célesta), violon, violon II, alto, violoncelle, contrebasse

Information sur la création

  • Date : 4 juin 1999
    Lieu :

    États-Unis; Californie, festival Ojai


    Interprètes :

    Laura Claycomb : soprano, Los Angeles Philharmonic New Music Group, direction : Esa-Pekka Salonen.

Observations

Enregistrement : Dawn Upshaw, soprano, Los Angeles Philharmonic, direction : Esa-Pekka Salonen, 1 cd Sony Classical, 2001.

Titres des parties

  • Tell Everyone
  • Without Warning
  • It's No Use
  • The Evening Star
  • Wedding

Note de programme

Si l'on considère l'histoire de l'art comme un jeu darwinien où la survie « génétique » des œuvres est en question, il semble miraculeux que les fragments de Sappho — une vingtaine de pages — soient parvenus jusqu'à nous. Quelques-uns d'entre eux sont presque de courts poèmes formant une totalité organique, d'autres sont des groupes de mots isolés, ou même de simples mots.

Presque chaque génération de poètes a essayé de traduire ces messages dispersés écrits par une femme dont nous ne savons presque rien. Comme toujours, l'interprétation nous en dit plus sur l'interprète, son époque et sa culture, que sur l'œuvre elle-même. (...) C'est la nature fragmentaire de ces poèmes, qui constituent presqu'une forme ouverte, qui rend Sappho si fascinante à mettre en musique. Mais je me rends compte que j'intellectualise beaucoup trop, dans la bonne vieille tradition du sérialisme.

C'est la formidable énergie d'une sexualité suffocante et d'un érotisme vibrant qui, chez Sappho, excite mon imagination. Sappho nous révèle les secrets de l'âme féminine comme personne d'autre. Il n'y a aucun thème qui soit plus intéressant.

Entre ces petits îlots de mots, on peut entendre de la musique.

J'ai eu l'intention de composer un cycle dans lequel je décrirais la vie d'une femme de l'enfance à la vieillesse et à la mort. Mais la naissance de mon fils Oliver au beau milieu de la composition de cette pièce m'a rendu incapable d'imaginer la mort et la solitude. J'ai alors décidé de me concentrer sur la première partie de la vie.

  1. Tell everyone. La chanteuse explique qu'elle va nous raconter une histoire. On entend une musique de fanfare, sauf sur le mot « beautifully ».

  2. Without Warning. Le premier éveil de l'amour. Les motifs descendant du début sont les métaphores d'un doux tourbillon.

  3. It's no use. Une jeune fille est incapable de se concentrer sur les tâches ménagères qu'elle doit accomplir. Elle essaie d'expliquer à sa mère pourquoi, mais elle se trouble tellement qu'elle ne peut que bégayer. Enfin, elle parvient à dire : « that boy ».

  4. The evening star. J'imagine : au cours d'une soirée, une jeune fille est étendue dans l'herbe, contemplant les étoiles. Pour la première fois, elle comprend qu'elle aussi sera vieille un jour. Les cordes et le célesta décrivent le scintillement des étoiles.

  5. Wedding. Ici, j'ai combiné plusieurs poèmes pour créer une plus grande forme. La chanteuse tient différents rôles dans cette chanson.Dans le refrain, la foule acclame le jeune marié. Cela revient deux fois de manières différentes. Après l'interlude, la mariée a un bref moment de désespoir, mais elle est réconfortée par une femme moins jeune (« listen, my dear »), qui a selon moi un point de vue sensé. Après le deuxième refrain, des filles se rassemblent devant la chambre nuptiale et chantent une chanson sur un ton railleur (« Come bride »). Après le troisième refrain et un point culminant de l'orchestre, une voix décrit le couple dormant paisiblement dans les bras l'un de l'autre.

Esa-Pekka Salonen traduit de l'anglais par Jérémie Favreau, Programme Agora 2000.

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