Antonio Pileggi (1966)

Canzone in otto madrigali (1991)

pour violoncelle

  • Informations générales
    • Date de composition : 1991
    • Durée : 14 mn
    • Éditeur : A Tempo
    • Dédicace : à Pierre Strauch
Effectif détaillé
  • violoncelle

Information sur la création

Note de programme

La Canzone d'Antonio Pileggi s'inspire de la Lamentevole orazione profetale du philosophe italien Tommaso Campanella, né à Stilo, en Calabre, en 1568, et mort à Paris en 1639. Campanella prônait, dans son utopie politique La cité du soleil, une manière de communisme intégral. À la suite d'une insurrection manquée visant à abolir la féodalité en Calabre, il fut emprisonné pendant vingt-sept ans, au cours desquels il écrivit nombre d'œuvres poétiques, qui restent cependant moins connues que ses ouvrages philosophiques.

La Lamentevole orazione profetale fut composée durant ces années de captivité. Antonio Pileggi en a tenté une « transposition musicale » : de même que le poème comprend huit madrigaux, sa pièce pour violoncelle s'organise en huit volets enchaînés sans solution de continuité, chaque volet se référant à la métrique variée du madrigal correspondant. L'irrégularité des strophes et des mètres a certainement stimulé Pileggi dans son travail compositionnel - de nombreux aspects du discours musical étant en quelque sorte polarisés par les chiffres sept et onze, issus des structures poétiques.

La dramaturgie du poème, sa teneur sémantique sont enfouis dans l'œuvre musicale, pour ressurgir parfois : tantôt sous forme de madrigalismes (mais non de figuralismes), comme dans le troisième volet où l'image des « lacs souterrains » évoqués par le texte suscite l'emploi des harmoniques naturels du violoncelle ; tantôt par l'inscription d'un fragment du poème (« Libertà, Signor, bramo ») au-dessus de la ligne mélodique.

La forme de la pièce connaît une manière de resserrement — de stretto —, et le dernier madrigal, dont chaque syllabe se voit associée à une seule note, s'éteint dans un glissando qui se perd dans le silence.

Peter Szendy.