Tristan Murail (1947)

Éthers (1978)

pour six instruments

œuvre électronique

  • Informations générales
    • Date de composition : 1978
    • Durée : 21 mn
    • Éditeur : Ed. Musicales Transatlantiques
    • Commande : Radio France
Effectif détaillé
  • flûte, clarinette, trombone, alto, violoncelle, contrebasse, maracas [continuo]

Information sur la création

  • Date : 6 juin 1978
    Lieu :

    Rencontres Gulbenkian, Lisbonne


    Interprètes :

    Pierre Yves Artaud : flûtes, ensemble l'Itinéraire, direction : Jacques Mercier

Information sur l'électronique
Dispositif électronique : amplification, réverbération

Note de programme

Ethers est au départ une étude sur la relativité. De même que l'espace n'existe que par rapport aux masses des astres qui, en le déformant, lui donnent son existence, le temps musical, les durées et les tempi d'une partition n'existent que par rapport aux événements sonores eux-mêmes. Les événements sonores déforment le temps, influencent les tempi.

Le tempo dans Ethers est constamment instable, soumis à des accélérés ou ralentis constants, parfois étalés sur de longues périodes, parfois superposés. Pour mieux rendre ces effets et leur donner une qualité naturelle, évidente, dramatique, les durées ont été calculées au moyen de courbes de type logarithmique, qui représentent mieux les phénomènes de la perception. L'écriture de la pièce est aussi influencée par certaines techniques de musique électronique, comme l'emploi des échos, de la réverbération, du phase shifting, des séquenceurs... Par exemple : le gigantesque accéléré semblable à une accélération de séquenceur, au centre de la pièce, les sons de modulation de fréquence obtenus par le flûtiste en chantant et jouant en même temps des notes différentes, sons annoncés et repris par les cordes, au début de la pièce, un peu plus loin, les glissés harmoniques de flûte basse, réverbérés par le violon et l'alto et dans la dernière partie, les balancements arpégés de tout l'orchestre, qui évoquent les mouvements de balayage souples des phase shifters...

La musique se détache d'un fond presque continu constitué par un roulement de maracas joué en coulisse, qui symbolise le milieu spatial, les « éthers » par rapport auxquels s'affirment les différents moments de la partition, et qui remplace le silence, de toute façon illusoire, qui devrait constituer le fond de toute musique. Le jeu sur ce continuum de maracas, les sons souvent étranges de la flûte, le traitement très fin du timbre des cordes, les alliages entre ces divers éléments constituent un vocabulaire qui permet tour à tour l'expression du rêve et du drame.

Tristan Murail, programme du concert Ensemble Fa, le 16 décembre 1993.