<p>Il existe, à la National Gallery de Dublin, une huile sur toile de Delacroix représentant Demosthène, face aux flots, haranguant d’invisibles Athéniens. La mer semble bruyante à souhait, tandis que quelques amis de l’orateur (ou peut-être de plus conventionnels moqueurs) le suivent à respectable distance.</p><p>Quelque part dans son traité de l’orateur, Cicéron évoque les diverses amputations que sont hiatus et contraction, louant au passage sur ce point les Romains au détriment des Grecs ; l’auteur des <em>Tusculanes</em> décrit très naturellement les voyelles d’abord, puis, dans un autre chapitre, les consonnes, comme deux mondes soumis à des lois incompatibles.</p><p>Le rocaillement des consonnes et la mise en danger de la voix chantée sont autant de madrigalismes contribuant au souvenir du grand orateur, de sa jeunesse bégayante, de ses légendaires cailloux et, surtout, de l’hostilité des éléments vis-à-vis de Démosthène comme <em>objet culturel</em>. J’ai ainsi poursuivi le travail sur la voix entamé dans <em><i><a href="/en/works/work/11036/">Vanités</a></i></em> ou dans la <em><i><a href="/en/works/work/20210/">Symphonie II (La liseuse)</a></i></em>, cette fois dans un cadre relativement intime de dix-sept choristes spatialisés sur la scène.</p><p><em>Brice Pauset, février 2004.</em><br /></p>