Younghi Pagh-Paan (1945)

Madi (1981)

for twelve instrumentalists

  • General information
    • Composition date: 1981
    • Duration: 12 mn
    • Publisher: Ricordi, nº SY 2380
Detailed formation
  • 2 flutes, 2 clarinets, bass clarinet, horn, 3 violas, 2 cellos, double bass

Premiere information

  • Date: 22 November 1981
    Location:

    France, Metz, festival.


Program note

Madi, le mot coréen pour nœud, signifie aussi jointure, mesure ou barre de mesure. Maedub, les travaux noués des femmes coréennes, ornent depuis toujours aussi bien leur habit de fête et différents instruments de musique que la bière sur laquelle les défunts sont portés à leur dernière demeure. Ces travaux noués sont faits d'un matériel de base en fils de soie écrue tordus et enchaînés ; ils forment des figures de différentes espèces qui sont portées comme amulettes. En même temps Madi est utilisé comme image qui désigne la douleur la plus profonde du coeur humain. Au XVIe siècle, le poète et homme d'Etat Chung-Chul a écrit qu'il existe dans l'âme de chaque homme quelque chose de noué. Le dénouer serait la tâche de la poésie. Je pense que le travail persévérant de nouer le Madi avait pour les femmes la même signification que la poésie pour les poètes, c'est-à-dire de dépasser les nœuds (la douleur) de leur propre cœur. On peut aussi ajouter que le travail manuel calme, patient, de la femme aidait à supporter la douleur du peuple et à faire ressusciter ce peuple, toujours, à nouveau. Je pense qu'en même temps les femmes ont accompli beaucoup pour leur « autoréalisation ». Pour moi, composer est une activité qui peut être mise en rapport avec le Madi : dénouer les nœuds de son cœur.

Madi pour douze instrumentistes se développe en quatre sections.Les trois premières sections nouent et transforment deux composantes opposées qui reviennent à différentes reprises. La première composante consiste en un accord de sept sons douze fois variés, et en une superposition de deux mètres en deux couches dynamiques.La deuxième composante se divise en deux courants contrastés : une chaîne ascendante de hauteurs et de rythmes, et une structure d'accords descendants. Presque imperceptiblement s'intercale dans ces répétitions qui se nouent et se transforment, sous forme de germe, quelque chose de nouveau, chaque fois marqué par le retentissement d'un instrument de batterie.Dans la quatrième et dernière section se dénoue finalement le nœud en une forme d'hétérophonie de toutes les voix ; celle-ci libère ce qui était jusqu'à présent caché, et elle le laisse devenir la chose principale. Le chef joue des instruments de batterie dont les sons articulent la mesure du temps dans le cadre de laquelle des instrumentistes créent leur propre espace musical.

Younghi Pagh-Paan.