Cette œuvre doit sa conception à certaines considérations qui surgissent des problèmes et des possibilités inhérents au rapport notation-réalisation. Le choix de la notation est particulièrement dicté par le désir de définir la qualité du son final en le rapprochant sciemment du degré de complexité de la partition. Telle qu'elle se présente, l'œuvre n'est donc pas conçue pour être le plan d'une exécution « idéale ».
La notation ne représente pas le résultat escompté : elle est une tentative de réaliser les spécifications écrites dans une pratique destinée à produire la qualité sonore désirée (bien qu'impossible à noter). Le but n'est pas une belle exécution raffinée : certaines des combinaisons d'actions indiquées sont littéralement irréalisables (certains groupements de dynamiques) ou conduisent à des résultats complexes partiellement imprévisibles. Néanmoins, une réalisation valable ne pourra résulter que d'une tentative rigoureuse de reproduire autant de détails de texture que possible : les divergences et « impuretés » qui découlent des limites naturelles de l'instrument lui-même peuvent être imputées à la volonté du compositeur. On ne doit en aucun cas essayer de dissimuler la difficulté de la musique en ayant recours à des compromis et des inexactitudes (de rythmes par exemple) dans le but d'obtenir un résultat superficiellement plus « poli ». Au contraire, le degré de difficulté audible (et visuel) doit être accepté comme un élément structural intégral dans l'édifice de la composition elle-même.
Brian Ferneyhough.