Sur la nappe d'un étang glacé..., le titre est celui d'un poème de René Char, dans le recueil Fureur et mystère :
Je t'aime
Hiver aux graines belliqueuses.
Maintenant ton image luit
Là où son cœur s'est penché.
Ce titre, s'il ne préexiste pas à l'œuvre, et ne constitue donc pas un programme, décrit cependant une atmosphère, un monde : celui du miroir – les bois et les cuivres se renvoient des images diffractées des mêmes objets sonores –, du cristal et du métal, du souffle, de la vie furtive qui anime des motifs agités. Ou des éclats, exposant le tranchant des contours.
L'écriture mélodique de la pièce oppose des lignes chromatiques sinueuses, contenues, et des rythmes perforés de silences, dispersés dans les registres. Elle se plie volontiers à des inflexions expressives : lorsque la glace se brise.
Et l'œuvre crée son espace de timbres, en y révélant des parcours : le vent sur la bande, les instruments à vent, les métallophones aux résonances longues ou moyennes, l'extinction rapide des cordes frappées du piano ou des cordes pincées de la harpe. Un parcours dynamique aussi, qui est celui de la forme de la pièce : du repos - Tranquillo - à l'instabilité - Agitato - pour revenir au silence.