J’ai commencé la composition de Partita en juillet 2006, puis l’ai achevée entre septembre et décembre de la même année. Il s’agit d’un projet remontant à plusieurs années sur de nouvelles méthodes d’analyse du geste instrumental pour intensifier les relations entre instruments acoustiques et lutherie électronique. C’est sur la proposition de Christophe Desjardins que j’ai décidé d’expérimenter ces méthodes dans une œuvre pour alto et électronique.
Cette méthode consiste en un système léger, fixé au doigt du soliste, permettant d’analyser en temps réel les accélérations et pressions de l’archet sur les cordes de l’instrument. Grâce à cet outil, un pas nouveau semble être franchi dans la direction d’un rapport « intime » entre les infimes variations des modes de jeu instrumentaux et le contrôle des sons de synthèse. Au cours de l’automne 2006, j’ai également décidé d’utiliser les recherches d’Eric Lindemann sur la synthèse instrumentale en intégrant son programme Synful à mon environnement technologique. La plupart des sons de cordes que l’on entend dans Partita I ne sont pas des enregistrements réels mais de la synthèse de phrases instrumentales préalablement enregistrées. C’est ce qui leur donne ce « naturel » qui fait si souvent défaut aux sons de synthèse instrumentale. Tous les éléments de la musique électronique sont organisés suivant le principe du « suivi de partitions » qui permet une synchronisation précise et souple entre le jeu du soliste et ce qui sort des haut-parleurs.
L’œuvre est construite à partir d’une phrase initiale composée de sept « expressions sonores » (note aiguë, phrase régulière, trille, ricochet, tremolo, crescendo et polyphonie) et se déploie dans une forme rigoureuse et développée. Sept parties enchaînées la composent, encadrées par une introduction et une conclusion. Elles mettent respectivement en lumière ces sept expressions et, à l’intérieur de chacune d’elles, apparaissent tour à tour les six autres. Ainsi différentes « perspectives sonores » se créent et se modifient dans le temps par le jeu continuel de rapprochements et d’éloignements de ces différentes expressions. La section finale, laissant le soliste, seul, jouant une « quinte écrasée », est une très lointaine évocation de Der Leiermann, le lied ultime du Winterreise de Schubert.
Partita I est dédiée à Christophe Desjardins. Elle constitue la première pièce d’un cycle consacré aux instruments à cordes et électronique. C’est une commande de la Direction de la Musique et de la Danse du Ministère de la Culture pour le GRAME, réalisée avec la coopération du GRAME et de l’Ircam - Centre Pompidou.
Mes remerciements vont à :
- Christophe Lebreton (Grame) pour son aide précieuse en qualité d’assistant musical sur toute cette production,
- Serge Lemouton (Ircam) pour son travail dans la préparation des outils technologiques,
- Frédéric Bevilacqua, Nicolas Rasamimanana et Emmanuel Flety (Ircam) pour leurs recherches concernant la détection et le suivi du geste instrumental,
- James Giroudon (Grame) pour avoir permit la réalisation de cette œuvre,
- Christophe Desjardins pour son enthousiasme et sa collaboration dans toutes les étapes de ce projet.
Je tiens également à remercier spécialement l’University of California San Diego qui a mis à ma disposition les outils technologiques nécessaires à la composition de cette œuvre.