Solo hay una belleza que todavía puede darme ese acceso : aquella que es un fin y no un medio, y que lo es porque su creador ha identifcado en sí mismo su sentido de la condición humana con su sentido de la condición de artísta.
Julio Cortázar, Rayuela cap. 112
Images sonores, symétries, miroirs, plasticité de l'espace, ne sont pas pour moi des mots simplement littéraires faisant référence au pictural, mais des objectifs que ma musique veut recréer dans l'écoute. Pourquoi placer l'imaginaire visuel dans l'ouïe ? La réponse est peut-être dans mon éducation : entre l'âge de 5 et 13 ans j'ai suivi des cours de peinture dans un atelier en même temps que mes d'études musicales. Premiers tableaux, premiers contacts sensibles, charnels avec la matière, que j'essaie aujourd'hui d'appliquer avec les matériaux musicaux.
Il existe des thèses sur les relations et les interférences entre les différents langages artistiques. La musique et la peinture sont les premières expressions consubstantielless, spontanées de l'humanité. Nombreux sont les compositeurs qui à travers diverses époques, se sont inspirés du travail des peintres : Moussorsky avec Hartmann ; Schoenberg, qui a toujours été en étroite relation avec Kandinsky et le mouvement expressionniste ; Pierre Boulez qui a trouvé des similitudes conceptuelles entre sa pièce Premier cahier de structures et la peinture de Paul Klee. Certains encore ont participé à des mouvements artistiques : Russolo, au futurisme, John Cage, au néo-dadaïsme ou encore Francis Miroglio qui a travaillé avec Calder et Miró. Olivier Messiaen et Scriabine (dans Prometheus) mettent en rapport la couleur et le paramètre harmonique. Sans oublier les théories de couleurs énoncées par Goethe et Joseph Hauer, théorie déployée en un système ultra chromatique par le compositeur Ivan Wyschnegradsky. «La conception et le traitement de cellules-objets, par déplacement, division, déduction, répétition, permutation, ajout ou retrait, procédés de réflexion ou énoncés canoniques, dessinés ou colorés, créent des figures rythmiques qui peuvent être intégrées sur un support plastique. Cette «mathématique musicale», comme la surnommait Klee, vient de la technique de la variation.»
C'est à partir de la recherche d'un langage musical propre que j'ai découvert une possible convergence entre mes concepts musicaux et la peinture, notamment à travers les oeuvres et les écrits de Kandinsky, de Klee, et de l'artiste hollandais Escher. Ainsi la structure de Bunter Blitz (1994) pièce pour 13 musiciens, est basée sur la théorie de la ligne de Paul Klee et sa fonction dans le plan-espace, telle qu'elle est développée dans son Pädagogisches Skizzenbuch (Livres d'esquisses pédagogiques). The Magic Mirror (1996) pour trio et Relais n° 1 (1998) pour septuor et dispositif électronique, s'inspirent des tableaux de Escher : ses idées et concepts, comme la métamorphose, la symétrie des objets, le remplissage régulier de la surface, en ont organisé le discours musical. Plusieurs autres de mes compositions ont été inspirées par des peintres : Les regards inhérents par Theo Van Doesburg, Compenetrazioni Iridescent... par Giacomo Balla, Le miroir o e l'art ce psy-spectral par François Morellet, pour en citer quelques unes.
Dernièrement ce sont les tableaux de Jackson Pollock qui ont remis en question le développement de ma technique d'écriture. Son travail à partir des différentes couches de peinture, la fluidité de son geste et de ses traces, ses drippings, m'ont influencé dans la construction de différentes strates de niveaux perceptifs dans l'espace, dans le développement du geste d'un objet musical, ainsi que la spontanéité de son écriture et de sa construction. Ces expériences de travail en relation avec la peinture me motivent et me poussent à continuer l'exploration de cette voie. Si, dans un premier temps, c'est l'approche visuelle des oeuvres qui influe sur ma création, les discussions et les réflexions avec des artistes utilisant d'autres langages s'avèrent très importantes.
Le besoin de travailler en adéquation avec un langage pictural, force mon imagination et m'oblige à trouver de nouveaux chemins et à inventer de nouveaux comportements musicaux.