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Les Confessions silencieuses

Soeur Commissaire, Soeur Capitaine, Soeur Psychologue : Décidons, décidons si, la porte, les fils, là bien, décidons si. Installons, décidons.

Soeur Commissaire, Soeur Capitaine : C'est ce câble au départ qu'il nous faut, Test ! allons Test !

Soeur Psychologue : Machine imagine, machine divine, confession Test !

Soeur Capitaine : Dis, dis, dis qui de là qui nous vient ?

Soeur Commissaire : Reflète l'âme en cause, dis qui de l'au-delà qui nous vient ?

Soeur Psychologue : Je cherche, qui attend ? Qui nous vient ? Je cherche.

Soeur Commissaire, Soeur Capitaine, Soeur Psychologue : Ton sang mêlé, sang mêlé, qui est ?

Soeur Commissaire, Soeur Capitaine : Qui nous vient ? D'aussi loin, qui de là soufflera ? Qui est là ? Ca ?

Soeur Psychologue : Renuncia, Renuncia, pourquoi ? Pour qui pour ça ?

Révérende mère : Dieu existe, il est notre oeuvre, nous le ferons s'exprimer par l'intermédiaire de son corps.

Soeur Commissaire, Soeur Capitaine : Dieu est là, je le vois. Exprimer, c'est bien. Dieu nous allons commencer. Allons, écoutons, là, confession. La confession.

Révérende mère : Parle, parle-nous parle, la confession.

Soeur Psychologue : Renuncia, Renuncia, la.

Quatuor : Le long de ces feux divins, son souffle, son souhait honteux sait ces, ces dessous noueux.

Soeur Psychologue : contrepoint clavier Là qui de on qui de là ton dedans sous ces souhaits noueux.

Révérende mère : contrepoint clavier Dit deux de là qui dit, qui dit deux de dit là.

Quatuor : contrepoint clavier Deux cent dix, qui le dit de là, dit de qui de là dedans Je dis qui de tout temps, d'antan étudiant là dedans... ton souffle. Deux cent dix lacs essoufflés, deux cent dix incendies à ton nom.

Soeur Psychologue : contrepoint clavier Attend, va sous l'écran de cendres.

Quatuor : contrepoint clavier Entends-tu ? Deux cent dix ronds noueux.

Maria + Christ : Sans cesse au-delà de mon souffle, de tes voeux silencieux.

Quatuor : contrepoint clavier Entends, ton corps respire. Dis-le, dis ton nom.

Révérende mère : contrepoint clavier Dis ton sang, dis ton nom. Dis, nous sentons ton souffle long.

Soeur Psychologue : contrepoint clavier Allez, allez, qui dit ton nom. Entends-tu dis, le soir ?

Maria + Christ variation : Cesse au-delà de mon souffle épuisé et laisse ces ombres qui défient le soir.

Christ + Maria variation : Cesse au-delà de ton souffle et puisque blesse douloureuse aventure.

Révérende mère : A toi, dis-nous l'essentiel de ton âme silencieuse.

Soeur commissaire + Soeur capitaine : Accepte, accepte.

Maria + Christ variation : Je suis ce silence qui s'écoule à mes pieds ; cette rivière qui de loin résonnait l'angoisse de ces corps décharnés.

Christ + Maria variation : Tout ce sang qui s'écoule à mes pieds ; cette pierre à mon front résonnait sans cesse... sans cesse.

Soeur Psychologue : Je te suis dans tes rêves éprouvés. C'est ce rêve... Ces rêves que tu dois oublier.

Soeur commissaire + Soeur capitaine + Révérende mère : Dis-nous... le sens et l'absence.

Maria + Christ variation : Je sais suivre la rive de l'image éclatée, je sais voir la brisure de ces jours effeuillés et je vois la souillure de ces corps défoncés.

Christ + Maria variation : Je suis l'image éclatée, je vois ma blessure, mais vois la souillure de ces corps défoncés.

Quatuor - Soeur Psychologue : Dis-nous le sens, dis-nous le sens de l'absence.

Soeur Psychologue : Dis, le doux souffle divin, déplacé, allongé. Renuncia, pourquoi renoncer ? Pourquoi renoncer ?

Quatuor - Soeur Psychologue (variation) : Dis-nous le doute de ces longs feux divins. Dis-nous la faute et l'absence de la faux qui te tient allongée. Dis-nous le fleuve et le gué défendu. Dis-nous la mort et la grâce des viscères. Dis-nous le masque des anges et l'errance. Dis-nous le sens et l'absence, mais dis-nous le sens et l'absence... de nos ventres affamés... de cris... étouffés, étouffés, étouffés.

Maria + Christ : Je ne veux, je ne vois, je ne crains, l'absurde illusion de ces vains discours annoncés de faux. Je dis le fleuve immobile, immobile, immobile...

Maria et son double : Je cherche l'ombre du bras qui du don des étoiles resplendit, je cherche l'ombre de ces yeux découverts en partage qui me voilent à présent l'étendue des rivages asséchés, déformés, immobiles, étouffés.

Quatuor : Le sang s'écoule, roule, déroute.

Maria + Christ et doubles : C'est ainsi depuis peu découverts en partage, le reflet de ces cris silencieux qui fuient l'ombre de l'arbre. Je dis l'ombre de l'aulne, de l'orme et du corypha. Je vis l'ombre du chêne rouvre, l'ombre du châtaignier, de l'érable et du charme. L'ombre de l'arbre ; je crie l'ombre de l'yeuse.

Quatuor : Ils disent ce qu'elle pense ce qu'elle dit.

Maria + Christ et doubles : Je crie l'ombre trop claire, trop claire, trop claire. Je suis, je suis... tant.

Quatuor : Ils disent ce qu'elle pense ce qu'elle dit, ce qu'elle suit, ce qu'elle crie. Dis qui crie. Nie qui suit. Attend.

Maria + Christ et doubles : Je ne crains ni ne veux devant toi, déplorer, réveiller, vaciller.

Quatuor : Seule... Ils disent ce qu'elle pense ce qu'elle dit.

Maria : J'ai trouvé dans la haine cet espoir : possédée par mon mal je tendais ce miroir de mon corps broyé de l'intérieur. J'ai déployé ce miroir sur les ventres de ceux qui ont nourri ma terreur. J'ai déployé mon mal comme une toile qui s'étreint de lumière. De leurs êtres j'ai sucé les racines rassurée quand enfin de leurs femmes des monstres difformes sont nés. Pour ma paix par ma faute, sans remords.

Christ : Touche le sang qui s'épand de mon flanc prend en toi ce que boit dans ses lèvres la lumière détournée du grand ciel.

Quatuor : Vois, la fin du rien qui s'éteint. Voici le don du rien qui s'étreint. Qui va jeter ce corps presque rien qui vibre encore.

Maria : L'ombre du bras qui du don des étoiles resplendit. Je cherche l'ombre de ces yeux immobiles, étouffés.

Soeur Psychologue : 37.

Maria : 37 fois je le vois depuis que la vague de l'écrin oubliée m'a donné cet élan résolu.

Soeur Psychologue : 54.

Maria : 54 est l'ivresse de ce sens dispersé dans la brume du matin sans chemin.

Soeur Psychologue : 72.

Maria : 72 dans l'argile restera ce mystère absolu.

Soeur Psychologue : 220.

Maria : 220 je ne sais rien ni ne peux pardonner.

Soeur Psychologue : 53.

Maria : 53 c'est bien moins que la fin du rien qui respire 127.

Soeur Psychologue : 127.

Maria : 127 de très loin je comprends ce mystère qui de l'ombre a vu naître la lumière.

Soeur Psychologue : 43.

Maria : Je ne sais ni ne peux révéler ce que l'arbre en son sein désespère.

Soeur Psychologue : 7.

Maria : Ce que dit mort ou mot je l'espère au silence du miroir.

Soeur commissaire, Soeur capitaine, Révérende mère : Le sens du chemin qui te fuit. Il crève ? Quels rêves ? Qu'il crève. Elle rêve aussi ?

Christ Sauvage : La route qui s'éloigne en lacets. Les masques du carnaval. La caresse du vent dans mes cheveux. Le sourire de la vieille dame à l'aéroport de Barcelone. Mes rêves silencieux à l'ombre du sycomore. Le ballon rouge et vert en plastique qui perdait ses couleurs. Les soirs de Rome, Vienne, Varsovie, Moscou ? Les traces du chien fou dans la neige. La petite voiture bleue était rayée sur le côté. Le réveil agité à l'aube des petits événements. Les lacets trop serrés empêchent le sang de circuler. Ma joie. Mes peines. Se blottir sur les flancs d'un volcan. L'éclipse totale de lune du mois de mars. La brûlure du soleil sur ma peau. Mes mains. Mes pieds. Ma peine. Le sens du chemin qui me fuit. Qui me fuit.

Maria : «L'ombre de la mort est blanche».