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Textes d'Emmanuel Hocquard

- I - La rivière

la rivière coule sous le feuillage
dégrafe ma robe
dessous regarde je suis nue
porte moi dans cette eau
retourne-moi
glisse ta main
visite mes hanches et ma toison
suis les mouvements de mon ventre
tu emprisonnes mes poignets
tire tire
par tous les os
les bras et les jambes
viens là maintenant
tire doucement ma tête en arrière
caresse-moi
ne t'arrête plus
oui tout vient
tous les parfums de la rivière
regarde-moi
regarde ta Lolita
liée à la taille par l'eau

- II - Un jardin

Un jardin au soleil et à l'ombre
cher onze, cher avril
matinée bleue, premières mouches,
nous brûlons les bambous morts
entre deux bouffées de fumée
la brise et la chaleur du feu
soulèvent les pans de ma chemise
ouverte sur mes seins nus.
Sous tes lèvres les pointes brunes
se sont durcies
salive autour
et gros plans sur la chair de poule
regarde ils aiment que tu les embrasses
encore comme ça toujours.

- III - Broadway

Derrière les stores des fenêtres
les taxis klaxonnaient sur Broadway
tu m'as dit de me mettre nue
et tu m'as dit
retourne-toi retourne-toi

à genoux sur le lit
les jambes écartées
ta main entre mes cuisses
s'est emparée des seins ballants
tes doigts les ont tourmentés
comme j'aime
l'autre main caressait ma fente
relève la tête disais-tu
relève la tête
penche-toi
courbe bien les reins

grande ouverte
humide profonde
salive autour
oui touche-moi
regarde ta Lolita
à genoux comme ça
courbe-moi
lumière de mes sens
visite ma toison
— l'autre main pétrissant mes reins —
suis les mouvements de mon ventre
la rivière coule sur mes seins
presse-les
suce les pointes brunes se sont durcies

tire
n'arrête pas tes ongles
offrir mon sexe à tes regards
j'adorais ça
toutes les odeurs de la rivière en moi

nue j'étais attachée
par les ombres des stores
je coule sous tes yeux
voyez et comprenez
j'ai si peur de l'orage
entre mes jambes

les taxis klaxonnaient sur Broadway
l'écume de mon ventre
vois comme elle brille

oui
comme ça
touche-moi
caresse-moi
oui

- IV - Mea lux

Mea lux, ô lumière de ma vie
tu as pris six photographies
je suis nue dans la rivière
l'eau coule sur moi
sur mon ventre
dans mes cheveux
entre mes jambes


un jardin au soleil et à l'ombre
je découvre mes seins nus en brûlant des bambous
regarde
des points qui font tressaillir
tes ongles sur mes seins
sur le bout jusqu'à ce que

la troisième photographie est floue
gracile et nue, les bras levés
je suis debout face au miroir

la tête sur l'oreiller
dans les plis du drap
les bras en croix, les jambes inertes

attachée par des ombres
à la lumière des bougies
est-ce que tu m'aimes comme ça
les yeux mi-clos derrière mes cheveux en désorde

à genoux sur le lit les jambes écartées
nous avons roulé jusqu'au crépuscule
dans la chambre de l'hôtel il faisait chaud
je me suis jetée nue sur le lit

Ô lux mea, lumière de mes sens

- V - Betty

Petites filles, un jour d'été Betty,
dans la cour de la ferme éclate un orage
nous nous abritons dans l'auto
les vitres noyées de pluie

je me serre contre toi, Betty,
j'ai si peur de l'orage
tu promènes tes doigts sous ma robe mouillée,
je me laisse faire
tes lèvres caressent ma peau,
ta jeune langue explore mes seins
c'est la première fois
je m'en souviens, mais aujourd'hui, Betty
c'est d'un sexe d'homme dont je rêve pendant les orages

- VI - Mon visage

Mon visage renversé vers le ciel
lentement je ferme les yeux
mes lèvres s'entr'ouvent
l'eau coule sur moi
dans mes cheveux sur mes seins entre mes jambes
je sens sur mes cuisses
les tâches de lumière au travers du feuillage
c'est un fouillis de lianes
et partout l'odeur de l'eau.

- VII - La table

la table était au soleil
moi assise les genoux haut
face à la fenêtre

face au ciel au-dessus de la ville
mes genoux dans ses mains écartant mes cuisses
non non

le soleil sur ma peau sur ma poitrine
j'étais attachée nue
par les ombres des barres de la fenêtre
et les ombres suivaient les courbes de mes seins
je ne bougeais pas
ses mains remontaient sur mon corps
et les ombres des barres me liaient

oui touche-moi
l'écume de mon ventre sous son regard
vois comme elle brille

j'étais immobile
les cuisses ouvertes
j'adorais ça
maintenant les mains sur ma nuque
les ombres ont glissé sous mes seins

grande ouverte
humide profonde
j'adorais ça
offrir mon sexe à ses regards

voyez et comprenez
c'est ainsi que je suis faite
tel est le sens de ma nature
j'ai vu le jour pour vous la révéler
bien gentiment bien simplement

mon corps nu comme ça
devant sur cette table.