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Noir de Christophe Tarkos

Noir est mystérieux

Est obscur
Est muet
Est sombre
Est tranquille
Est étoffé

Est rempli d’étoffes où tout cri est étouffé
Tout étouffement est étouffé par ses étoffes
On n’entendra plus l’étouffement
L’étouffement restera dans le noir

S’étalera,
De s’étaler
S’ouvrira
De s’ouvrir
se gonflera
De gonfler
Respirera

Toutes les étoffes restées dans le noir comme les
meubles restent dans le noir et la terre

Toutes les sortes de terre
Toutes les sortes de couleurs de terres

De travaux
De chantiers
De tranchées

De charniers restent dans le noir

Une fois passé
Une fois arrivé

Le noir se tait
Le noir n’a pas de parole
Noir ne fera plus
Ne donnera plus que du noir

Que d’être l’osmose entre la grande couleur noirâtre
et l’assentiment d’un grand organe
noir sensible à la noirceur qui se déplace avec
les mouvements de noir

Changé par les mouvements de noir qui est
transformé par les changements de noir

Noir est ce les mélanges changeants de
l’introduction de passages à l’acte et de ce qui
est avant la masse de pensées

Avant les passages à l’acte

Ceux qui vont les déclencher

Ceux qui vont avertir

Qui avertissent
Qui se préparent

Tout ce qui prépare

Dessine les lignes invisibles
Les rides

Les interstices dans noir qui grincent

Qui font l’effet de bombes
Qui bombent le glissement des descentes
Il n’y a rien sur quoi se reposer
Sur quoi être sûr

Il y a une ouverture
Comme les pupilles s’ouvrent

Noir laisse des précisions sur les traces qu’il laisse

Avec l’aimable autorisation des Éditions P.O.L (Paris)